vendredi 27 août 2010

Des banquiers suisses attaqués au vitriol !

Etre banquier est un métier dangereux. Dépêche de l'AFP : au moins six banquiers privés genevois ont reçu lundi des colis piégés à leur domicile contenant vraisemblablement du vitriol très toxique qui a fait au moins trois blessés et dont la menace inquiète la deuxième place financière helvétique.

"Au moins six banquiers ont reçu des colis, et non huit comme certains l'ont dit", a indiqué jeudi à l'AFP le juge d'instruction en charge de l'affaire, Michel Alexandre Graber. "Il n'est pas exclu que d'autres colis aient été envoyés mais que les destinataires ne les aient pas encore ouverts si elles sont en vacances", a-t-il ajouté. Les colis piégés ont fait 3 blessés, dont un enfant, selon le juge.

Jerry Hall dans Batman.

Les six banquiers privés et personnalités de la finance genevoise ont reçu lundi à leur domicile un colis contenant une petite boîte de quatre centimètres de diamètre sur un d'épaisseur, remplie d'un liquide hautement toxique, un acide sulfurique, toujours selon M. Graber.

Il s'agit vraisemblablement de "vitriol", selon l'avocat genevois Michel Halpérin auquel le Groupement des banquiers privés genevois a demandé conseil sur cette affaire sans précédent. "Un enfant a été atteint aux mains et aux genoux, et non au visage comme certaines personnes ou médias l'ont dit", a en outre précisé le juge. Deux autres personnes en ont été victimes.

"L'une d'entre elles a reçu une projection du liquide qui est vraisemblablement du vitriol. La personne a réagi avec vivacité en lavant ses blessures avec de l'eau. Elle n'a que des blessures superficielles et ses habits sont abîmés", a détaillé M. Halpérin, le conseil de cette victime. "Une deuxième personne (que l'avocat conseille également, ndlr) a été incommodée par les vapeurs du liquide en ouvrant la boîte", a-t-il poursuivi.

L'expéditeur de ces paquets a écrit les adresses à la main en utilisant une sorte de pochoir, du même type que ceux employés pour le dessin technique en mécanique ou en architecture. Tous les colis ont été estampillés par la poste le 22 août.

Certains avaient pour destinataires les épouses des banquiers, selon M. Halpérin. Une information confirmée par le juge. "Ces colis avaient une armature permettant de protéger la petite boîte. Il n'y avait pas de message ni de lettre", a précisé M. Halpérin.

La police a immédiatement réagi en faisant parvenir une lettre aux établissements bancaires de Genève pour les avertir du danger.

Préférant s'exprimer sous couvert d'anonymat, la plupart des banquiers privés genevois contactés se disaient inquiets jeudi, craignant que de nouveaux colis soient envoyés si le nom de leur banque apparaît dans les médias. Certains établissements bancaires ont ainsi mis en place des mesures de sécurité et prévenus leurs employés. La police n'a pas souhaité faire plus de commentaire.

Pour M. Halpérin, l'auteur des envois est un "déséquilibré" ou une personne qui agit pour des "motifs idéologiques". "Mais il peut s'agir également d'une personne qui souhaite s'en prendre à un banquier en particulier et qui, pour faire diversion, en a visés plusieurs", ajoute-t-il.

jeudi 26 août 2010

Tony Blair : nouveau maquereau de la finance



Information dévoilée par Les Échos (qui font payer pour ça, alors qu'ils ne font que reprendre une information du Sunday Times) et reprise par le Figaro (qui a payé pour voir, comme au poker) : Tony Blair, l’ex-premier ministre britannique a créé un fonds d’investissement. On apprend à l'occasion, que Tony, qui a le mérite de parler français, va sortir son autobiographie le 1er septembre. Une future cohue à la Fnac ! Retranscription de l'article du Figaro qui l'a piqué aux Échos qui l'ont piqué au Sunday Times et que je relaie sans débourser pécule :

Après la politique, le conseil géostratégique ou l’écriture, Tony Blair s’apprête à ajouter un nouveau métier à sa panoplie. Il a déposé auprès de l’autorité des marchés britannique les statuts d’une société de conseil en investissements.

Baptisée «Firerush Ventures No. 3 LP», celle-ci devrait exercer sous le nom de Tony Blair Associates et compte déjà six employés. Cette révélation fait polémique alors que l’ex-premier ministre britannique vient d’annoncer la donation à des œuvres de ses quelque 5 millions d’euros de droits d’auteur de son autobiographie à paraître le 1er septembre.

Selon un de ses proches, il ne s’agit aucunement d’une «banque pour les riches». Tony Blair aurait amassé une fortune de quelque 25 millions d’euros via ses diverses activités.

Tony Blair : un vrai lad, avec ses faux airs de Sid Vicious.

Tony Blair gagnera-t-il plus d'argent que Bill Clinton, amateur de cigare "humecté" qui facture ses interventions géopolitiques 250.000 euros (avec un tarif spécial pour Cuba) ? La suite de l'épisode dans quelques mois...

mercredi 25 août 2010

L'Irlande se rebelle contre Standard and Poor's



Dépêche AFP : le Trésor irlandais a critiqué aujourd'hui la décision de l'agence de notation financière Standard and Poor's de baisser d'un cran la note de la dette de l'Irlande, jugeant l'analyse de celle-ci "défaillante". S&P a abaissé le 24 août la note de l'Irlande de "AA" à "AA-", avec perspective négative, ce qui signifie qu'elle pourrait être encore abaissée dans un avenir proche.

L'Irlande, un pays plus très standard mais bien plus pauvre ?

L'Agence nationale de gestion du Trésor (NTMA) note en substance que S&P prend en compte des scénarios de coûts du sauvetage des banques irlandaises "extrêmes", sans pour autant inclure dans ses comptes toute la valeur des biens ainsi sauvegardés, dans un communiqué.

Pour Glenn Maguire, économiste chez Société générale CIB, la dégradation de la note irlandaise et de la situation d'Anglo Irish Bank relance le débat surles tests de résistance bancaires européens. La décision de Standard & Poor's «sous-entend que «les «stress tests» devraient être plus fréquents et plus… stressants», selon l'économiste. Le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires, Olli Rehn, a d'ailleurs suggéré mardi que ces opérations pourraient être organisées plus souvent.

mercredi 18 août 2010

Cleveland contre Wall Street : le documentaire !



Ce documentaire de Jean-Stéphane Bron raconte l'histoire d'habitants de Cleveland, expulsés de leur maison pour avoir contracté un prêt abusif, assignant en justice des banques pratiquant les "subprimes"et autres crédits toxiques.


Histoire : le 11 janvier 2008, Josh Cohen et ses associés, avocats de la ville de Cleveland, assignent en justice les 21 banques qu’ils jugent responsables des saisies immobilières qui dévastent leur ville. Mais les banques de Wall Street qu’ils attaquent s’opposent par tous les moyens à l’ouverture d’une procédure. Le procès n'aura donc pas lieu... Jean-Stéphane Bron décide donc de simuler un procès avec des récits et des témoignages réels.

Voici la démarche du réalisateur :

Le 11 janvier 2008, la ville de Cleveland a décidé d’intenter un procès à toutes les banques qu’elle juge responsables des saisies immobilières qui la frappent. Vingt et une banques qui avaient vendu et acheté des titres subprimes se retrouvaient en position d’accusées. Je l’ai appris quelques jours plus tard, par voie de presse. L’info tenait en une brève, mais dans ces quelques lignes, j’ai vu le début d’une histoire. J’ai pensé à Erin Brokovitch, à ces combats épiques des faibles contre les puissants...

Il n’y a que les Américains et leur sens inné du récit pour savoir mettre en scène et dramatiser de telles confrontations... Cleveland m’était alors complètement inconnue. Je n’aurais pas même su la situer sur une carte ! Mais, deux semaines plus tard, j’étais sur place, où je rencontrais l’avocat de la ville, Josh Cohen, et les habitants expulsés. J’ai convaincu Josh de filmer ce qui devait encore être le vrai procès de Cleveland contre Wall Street. Presque une année plus tard, le temps de financer le film, il y a eu un retournement de situation : les banques mettaient tout en œuvre pour éviter l’affrontement, et j’ai compris que le vrai procès n’aurait pas lieu.

Ce retournement a ouvert, au fond, le champ au cinéma. Tout à coup, je cessais de courir désespérément après la réalité, j’avais enfin l’occasion de prendre les choses en main. C’est ainsi qu’est née l’idée de mettre en scène le procès. À Cleveland, j’ai découvert une ville emblématique de la crise et des dérives du capitalisme. C’est un symbole historique d’abord : une cité industrielle de la Rust Belt, à la croisée de tous les enjeux du moment. Le déclin de l’industrie, la toute-puissance d’une finance stérile qui ne cherche qu’à s’auto-reproduire, mais aussi une insécurité endémique.

Extrait du documentaire, en salles le 18 août :



mardi 17 août 2010

Les nonnes irlandaises contre Morgan Stanley et Deutsche Bank



Déluge d'articles sur cet événement atypique mais bien symptomatique de notre époque : des nonnes irlandaises poursuivent devant la justice britannique les banques Morgan Stanley et Deutsche Bank, les accusant de leur avoir fait perdre des millions d'euros.

A l'attaque de Morgan Stanley et la Deutsche Bank !

Des nonnes irlandaises ? Plus exactement les Sisters of charity of Jesus and Mary, une organisation religieuse internationale dont le mot d'ordre est "Cor unum anima una", soit "Un cœur, une âme". Deux choses que les banques n'ont visiblement pas... Voir le site des Sisters ici.

Les Sisters of charity of Jesus and Mary font partie de 88 investisseurs (particuliers et institutions religieuses) qui accusent les banques d'avoir agi en leur défaveur dans la gestion de titres adossés à des obligations de la banque allemande Dresdner Bank, achetés en 2005 pour un total de 5,88 millions d'euros. Une plainte a été déposée devant un tribunal londonien le 10 août, selon le cabinet d'avocats.

Selon les plaignants, la banque d'affaires Morgan Stanley s'était engagée à racheter les titres dans le cas où ils seraient dégradés, mais elle ne l'a fait qu'avec retard, causant des pertes financières à ses clients. Morgan Stanley et une structure affiliée, Saturns Investments Europe Plc, "ont délibérément ou par négligence failli (à leur obligation) de racheter des titres" quand les bons sur lesquels ils étaient adossés ont été dégradés au rang "d'obligations pourries" en janvier 2009, selon la plainte.

L'information est relayée entre autres sur Bloomberg, le Huffington Post, le Wall Street Journal ou RTE News.

mercredi 11 août 2010

Paul Krugman : "America Goes Dark"




Paul Krugman, prix Nobel d'économie 2008 et chroniqueur au New York Times, a publié un article alarmiste intitulé "America Goes Dark" qui commence ainsi :
Les lumières s'éteignent partout en Amérique. Littéralement. La ville de Colorado Springs a fait les gros titres des journaux en annonçant avec désespoir devoir éteindre un tiers de ses éclairages pour économiser de l'argent. De tels exemples se produisent partout dans le pays, de Philadelphie à Fresno.

Un article qui commence mal et qui, pour tout dire, ne continue pas très bien : Paul Krugman souligne que de plus en plus de villes sont tellement endettées qu'elles ne peuvent plus financer leurs services publics comme la construction de routes ou l'école. Paul Krugman conclut que "l'Amérique erre maintenant sans but sur une route délabrée et sans éclairage".

A noter que cette chronique a suscité plus de 700 commentaires.

jeudi 5 août 2010

La crise économique selon Michel Drac




Michel Drac, contrôleur de gestion dans un grand groupe, spécialiste dans la micro-économie et un temps membre de l'association Egalité et Réconciliation, crée par le charismatique sociologue féministe Alain Soral, a publié en mars 2010 Crise économique ou crise du sens, aux éditions Retour aux Sources. Un ouvrage qui s'attache a pensé les conséquences de la crise économique actuelle en la comparant à des crises passées (l'Espagne au 16è siècle, l'ex-bloc soviétique en 1990 ou l'Argentine en 2000). Les conclusions sont pessimistes mais fort plausibles. : il nous faut changer de système. Contrairement à Jacques Attali (monsieur "15 prophéties annoncées, forcément une de bonne") et aux journalistes du Figaro et des Échos (qui lit La Tribune ?), Michel Drac porte un regard lucide sur la situation actuelle, en portant, il est vrai, un regard "borné" par l'historicisme. Mais aimer Friedrich Engels, Oslwad Spengler et Antonio Gramsci n'est pas un crime...

Il est inutile de préciser que le livre a reçu très peu d'échos dans la presse dite "traditionnelle".

Voici un extrait de l'introduction du livre, qu'on ne peut donc que recommander, en espérant toutefois que lors d'une prochaine réédition, le typographe corrige les fautes systémiques au mot "événement", avec deux "é".

Au risque de briser le suspense, voici d'emblée ma conclusion : nous vivons en réalité une implosion spirituelle. Contrairement aux apparences, ce n'est pas un système qui s'est écroulé le 15 septembre 2008 : c'est l'ultime forme vivante d'un projet philosophique né au Moyen Age, et parvenu à maturité au XVIIIè siècle. Sous cet angle, la chute du néolibéralisme à la fin de la décennie 2000-2010 ne vient pas contredire celle du communisme soviétique deux décennies deux décennies plus tôt : au contraire, elle en est la continuation logique. Néolibéralisme et capitalisme d'État soviétique n"ont été que les avatars tardifs d'un mode de pensée exténué. Leurs décès consécutifs signifient, tout simplement, qu'une âme collective est parvenue au bout de ses réincarnations.

Ce qui achève de s'écrouler avec le néolibéralisme contemporain, c'est le projet d'une humanité absolument connaissable. Pour des raisons que j'exposerai en détail dans la suite de cet ouvrage, je pense qu'il est possible de représenter tous les systèmes politiques et économiques issus de la modernité comme des machines faites pour créer, à partir de l'information sur la matière, un sens totalement explicite. Nous assistons à l'effondrement de cette hégémonie nominaliste devenue perverse.

Ce qui s'est passé le 15 septembre 2008, c'est que l'Être a parlé. Il a dit : je suis ce que je suis. Ce jour-là, il est apparu évident que la réalité n'était pas construite par le consensus des représentations - et que donc, aucun système de représentations, aussi perfectionné qu'il soit, ne pourrait jamais l'englober totalement. Le sens n'est vrai que s'il se reconnaît incomplet. Aucun énoncé n'est définitif s'il ne se clôt pas par un point d'interrogation. Notre mode de pensée menace de doit être radicalement reconsidéré : la modernité technoscientifique menace de s'achever en catastrophe antihumaine absolue. Voilà la vraie crise - celle dont la dépression n'est que le symptôme.

mercredi 4 août 2010

HSBC : 7 milliards de profits en 6 mois !




La plus grande banque du Royaume-Uni, HSBC vient d'annoncer un profit de 7 milliards de livres pour les 6 premiers mois de l'année 2010.

Le Figaro nous rapporte la bonne nouvelle mais omet de dévoiler ce que va faire la banque de ses bénéfices. Aider les entreprises à se sortir de la récession ? Bien sûr que non ! HSBC va se partager 6 milliards de livres en bonus ! Ce n'est pas Le Figaro qui nous l'apprend (pourquoi ?) mais le Daily Mail.

Pour le Daily Mail, cette avarice risque de mettre en péril la reprise économique. Et alors ? Tant que les banquiers ont leurs bonus... Tout travail mérite salaire.

Citigroup paie 75 millions de dollars pour éviter un procès


Le New York Times nous apprend que la banque financière Citigroup a préféré payer 75 millions de dollars à la SEC, l'organisme de régulation et de contrôle du marché financier américain, pour éviter un procès. Citigroup était accusée de fraudes aux subprimes ! Comme bien d'autres, la banque avait truqué ses comptes pour que ses pertes n'apparaissent pas.

"Bright Lights, Big Citi".

Le 15 juillet dernier, Goldman Sachs avait déjà accepté de payer 550 millions de dollars pour éviter le même type de procès.

Elles sont vraiment la main sur le cœur, ces banques ! Malheureusement, il y aura toujours des gauchistes primaires pour les critiquer. On croit rêver !

lundi 2 août 2010

Robert Schiller prévoit une récession à double creux




Robert Schiller, professeur d'économie à l'Université de Yale et auteur d'Irrational Exuberance en 2000, a annoncé lors d'un entretien pour Reuters Insider qu'une nouvelle récession était imminente, malgré les signes trompeurs d'une légère reprise. On risque donc d'assister à une récession à double creux (double dip recession en anglais). Ce type de récession est caractérisé par une première chute du produit intérieur brut suivie, après une reprise avortée, d'une rechute plus profonde. Graphiquement, cela prend la forme d'un "w". Citation :

Selon moi, les probabilités d'assister à une double récession sont supérieures à 50 %. Je la vois venir. Je suis dans une posture attentiste.

La vidéo de l'entretien est disponible ici.

The W.

Ceci ne fait que confirmer les derniers propos de l'investisseur américain et commentateur financier Jim Rogers, pour qui une récession est à prévoir en 2012. La raison ? "Depuis toujours, on assiste à une récession tous les 4 à 6 ans. Donc la prochaine aura lieu en 2012." Un amateur de l'économie cyclique, ce Jim Rogers !