mercredi 10 août 2011

Politique économique de Chevènement : l'alternative à l'UMPS ?

Jean-Pierre Chevènement, membre du club Le Siècle ("symbole de la grandeur du pays"), Sénateur du Territoire de Belfort et futur candidat aux élections présidentielles 2012 (lire sa brochure "Pourquoi je serai candidat", largement consacrée à la politique économique et monétaire), a semble-t-il décidé de peser dans le débat politico-économique franco-européen. Dans sa brochure-profession de foi, dépassant le clivage artificiel et inexistant "droite-gauche" pour soutenir la dichotomie en vogue "mondialisme financier-république souveraine". Ses chances de réussite sont nulles mais peut-il nourrir le débat économique actuel en provoquant les réactions du PS et de l'UMP.

Jean-PIerre Chevenement 2012Jean-Pierre Chevènement : le retour du troisième homme ?

Rachat massif des titres et dettes espagnols et italiens

Dans un récent fait d'arme, Jean-Pierre Chevènement a publié sur son blog la lettre qu'il a adressée le 8 août à Nicolas Sarkozy en lui affirmant que "seul le rachat massif des titres et dettes espagnols et italiens peut aujourd’hui permettre de sauvegarder la cohésion de la zone euro".

Il soutient : "je prends la liberté de vous suggérer d’agir auprès de la Chancelière allemande pour que la décision prise à une majorité écrasante par le Conseil des Gouverneurs de la BCE le 4 août soit publiquement soutenue par l’Allemagne et la France dans les prochains jours. L’action de la BCE pourrait se faire par le canal du Fonds européen de stabilité financière. Seule une telle arme nucléaire peut aujourd’hui faire reculer la spéculation".

"L'euro est un mark-bis"

En citant le nom d'Angela Merkel, on reconnaît bien l'idée de Jean-Pierre Chevènement selon laquelle l'Union européenne, et par extension l'euro, répondent à un impératif économique dirigé par l'Allemagne - pénalisant ainsi les autres Etats membres. Dans sa profession de foi, il explique d'ailleurs : "l’adoption de la monnaie unique en réponse à la réunification allemande a été une monumentale erreur de nos classes dirigeantes, toutes tendances confondues : l’euro est un mark-bis [...] L'euro est une monnaie surévaluée qui écrase notre compétitivité et celle de la plupart des pays européens. On ne peut envisager de réindustrialiser le pays sans un euro durablement moins cher".

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Le PS et l'UMP esclaves de la dictature des marchés financiers

Dans sa profession de foi, Jean-Pierre Chevènement se démarque en même temps de l'UMP et du PS (de l'UMPS ?), en soulignant leur allégeance, honteuse mais toujours niée, au diktat des marchés financiers. Selon lui, "la parenthèse libérale, ouverte en 1983, n'a jamais été refermée ni par François Mitterrand ni par Lionel Jospin. C'est pourquoi les candidats socialistes potentiels ont tant de mal à remettre en cause le système de contraintes héritées de choix qu'ils ont avalisés par conformisme et auquel ils devraient immédiatement faire face s'ils revenaient aux affaires :
  • la financiarisation de l'économie qu'a permise l'Acte unique européen ;
  • le libre-échangisme inégal codifié par l'OMC et prêché par son directeur Pascal Lamy ;
  • et surtout le système de l'euro qui met l’État emprunteur à la merci des marchés financiers.
Tout laisse à penser que la tyrannie du « triple A » s'exercerait sur les socialistes comme sur l'actuel Président de la République, faute qu'ils aient élaboré dans leur tête une stratégie alternative".

Jean-Pierre Chevenement 2012Le Jean-Pierre Chevènement 2012 est arrivé !

L'impossibilité du débat sur les banques et la finance

A la Lumière des déclarations de Jean-Pierre Chevènement, on attend les réactions de ses "adversaires" (copains comme cochons) politiques. On est pourtant en droit de douter de débats véritablement constructifs remettant en cause le système financier actuel. En effet, les déclarations d'Arnaud de Montebourg sur la démondialisation et la "mise sous tutelle des banques" ; ou les dénonciations de la loi de 1973 Pompidou-Rothschild sur la Banque de France par Nicolas Dupont-Aignan ne suscitent que de brefs commentaires, souvent narquois ou faussement outrés. Quoi qu'il en soit, sans ce débat essentiel, la campagne électorale 2012 n'aura pas lieu - ou n'aura servi à rien. Et elle ne servira de toute façon à rien.

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