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lundi 7 novembre 2011

Goldman Sachs : la zone euro pourrait être démentelée

Selon Jim O'Neill, président de Goldman Sachs Asset Management, le Portugal, l'Irlande, la Finlande, la Grèce pourraient sortir de la zone euro plutôt que de dépendre de règles budgétaires plus centralisées. Dans un entretien publié par le Sunday Telegraph, il affirme : "les Allemands veulent plus d'unité budgétaire avec l'idée d'un ministère des finances. Il est difficile d'imaginer que tous les pays qui ont rejoint la zone euro veuillent un tel régime, y compris celui qui est tellement en grande difficulté - la Grèce".

Jim O'Neill de la Goldman Sachs.

Selon Jim O'Neill, seuls l'Allemagne, la France et le Benelux sont faits pour une union monétaire. Il ajoute que des pays tels que la Finlande et l'Irlande, en tant que voisins d’États non membres de l'euro - la Suède et le Royaume-Uni - pourraient préférer quitter la monnaie unique, ce qui devrait se traduire par son appréciation.

mercredi 17 août 2011

Le gouverneur du Texas menace Ben Bernanke (FED)

Rick Perry Bernanke 2012
Lors d'un discours devant les électeurs d'Iowa prononcé le 15 août, Rick Perry, Gouverneur du Texas, candidat à l'investiture républicaine pour les présidentielles, s'en est pris à Ben Bernanke, Président de la Réserve fédérale des États-Unis (FED), en raison de sa politique de "planche à billets" ("facilités quantitatives" dans la novlangue de l'oligarchie financière).

Rick Perry a donc déclaré: "si ce type imprime davantage de billets d'ici l'élection, je ne sais pas ce que vous autres ferraient de lui dans l'Iowa, mais nous le traiterions assez mal chez nous au Texas. Créer plus de monnaie pour influer sur la politique en ce moment particulier de l'histoire américaine serait en quelque sorte perfide ou traître à mon sens".

Critiques des Démocrates et des Républicains

Le porte-parole de la Maison Blanche, Jay Carney, a répliqué le lendemain : "quand on est candidat à la présidence, il faut faire attention à ce qu'on dit, car les mots ont plus d'impact. Nous prenons très au sérieux l'indépendance de la banque centrale».

Du côté républicain, le principal conseiller et stratège politique de George W. Bush (ancien gouverneur du Texas puis président des États-Unis, a également critiqué Rick Perry : "accuser Bernanke d'être un traître à son pays - la trahison est un crime passible de la peine de mort - et lui dire qu'il va être traité d'une bien sale manière s'il se rend dans le Texas, ce n'était pas présidentiel et c'était inutile" (voir cette vidéo de Fox News).

mercredi 10 août 2011

Politique économique de Chevènement : l'alternative à l'UMPS ?

Jean-Pierre Chevènement, membre du club Le Siècle ("symbole de la grandeur du pays"), Sénateur du Territoire de Belfort et futur candidat aux élections présidentielles 2012 (lire sa brochure "Pourquoi je serai candidat", largement consacrée à la politique économique et monétaire), a semble-t-il décidé de peser dans le débat politico-économique franco-européen. Dans sa brochure-profession de foi, dépassant le clivage artificiel et inexistant "droite-gauche" pour soutenir la dichotomie en vogue "mondialisme financier-république souveraine". Ses chances de réussite sont nulles mais peut-il nourrir le débat économique actuel en provoquant les réactions du PS et de l'UMP.

Jean-PIerre Chevenement 2012Jean-Pierre Chevènement : le retour du troisième homme ?

Rachat massif des titres et dettes espagnols et italiens

Dans un récent fait d'arme, Jean-Pierre Chevènement a publié sur son blog la lettre qu'il a adressée le 8 août à Nicolas Sarkozy en lui affirmant que "seul le rachat massif des titres et dettes espagnols et italiens peut aujourd’hui permettre de sauvegarder la cohésion de la zone euro".

Il soutient : "je prends la liberté de vous suggérer d’agir auprès de la Chancelière allemande pour que la décision prise à une majorité écrasante par le Conseil des Gouverneurs de la BCE le 4 août soit publiquement soutenue par l’Allemagne et la France dans les prochains jours. L’action de la BCE pourrait se faire par le canal du Fonds européen de stabilité financière. Seule une telle arme nucléaire peut aujourd’hui faire reculer la spéculation".

"L'euro est un mark-bis"

En citant le nom d'Angela Merkel, on reconnaît bien l'idée de Jean-Pierre Chevènement selon laquelle l'Union européenne, et par extension l'euro, répondent à un impératif économique dirigé par l'Allemagne - pénalisant ainsi les autres Etats membres. Dans sa profession de foi, il explique d'ailleurs : "l’adoption de la monnaie unique en réponse à la réunification allemande a été une monumentale erreur de nos classes dirigeantes, toutes tendances confondues : l’euro est un mark-bis [...] L'euro est une monnaie surévaluée qui écrase notre compétitivité et celle de la plupart des pays européens. On ne peut envisager de réindustrialiser le pays sans un euro durablement moins cher".

Sarkozy Merkel nudeNicolas Sarkozy et Angela Merkel : "Je t'aime moi non plus" ou "Le baiser de la mort" ?

Le PS et l'UMP esclaves de la dictature des marchés financiers

Dans sa profession de foi, Jean-Pierre Chevènement se démarque en même temps de l'UMP et du PS (de l'UMPS ?), en soulignant leur allégeance, honteuse mais toujours niée, au diktat des marchés financiers. Selon lui, "la parenthèse libérale, ouverte en 1983, n'a jamais été refermée ni par François Mitterrand ni par Lionel Jospin. C'est pourquoi les candidats socialistes potentiels ont tant de mal à remettre en cause le système de contraintes héritées de choix qu'ils ont avalisés par conformisme et auquel ils devraient immédiatement faire face s'ils revenaient aux affaires :
  • la financiarisation de l'économie qu'a permise l'Acte unique européen ;
  • le libre-échangisme inégal codifié par l'OMC et prêché par son directeur Pascal Lamy ;
  • et surtout le système de l'euro qui met l’État emprunteur à la merci des marchés financiers.
Tout laisse à penser que la tyrannie du « triple A » s'exercerait sur les socialistes comme sur l'actuel Président de la République, faute qu'ils aient élaboré dans leur tête une stratégie alternative".

Jean-Pierre Chevenement 2012Le Jean-Pierre Chevènement 2012 est arrivé !

L'impossibilité du débat sur les banques et la finance

A la Lumière des déclarations de Jean-Pierre Chevènement, on attend les réactions de ses "adversaires" (copains comme cochons) politiques. On est pourtant en droit de douter de débats véritablement constructifs remettant en cause le système financier actuel. En effet, les déclarations d'Arnaud de Montebourg sur la démondialisation et la "mise sous tutelle des banques" ; ou les dénonciations de la loi de 1973 Pompidou-Rothschild sur la Banque de France par Nicolas Dupont-Aignan ne suscitent que de brefs commentaires, souvent narquois ou faussement outrés. Quoi qu'il en soit, sans ce débat essentiel, la campagne électorale 2012 n'aura pas lieu - ou n'aura servi à rien. Et elle ne servira de toute façon à rien.

mercredi 11 mai 2011

La mort de l'Europe par Jean-Thomas Lesueur

A l'occasion de la Fête de l'Europe (le 9 mai, et oui, vous ne le saviez pas ?), le site d'information Atlantico a publié un entretien avec Jean-Thomas Lesueur, Délégué général de l’Institut Thomas More. Il fait notamment le point sur la sortie de l'euro, la faillite de la Grèce et le rôle de l'Allemagne pour assurer une certaine "stabilité". Une vision loin d'être optimiste. Extraits.

Jean Thomas Lesueur
Sur la mort de l'euro

Je ne sais pas si l'euro va mourir mais si l’Europe doit subir, dans cette période instable, un revers fondamental, ce sera en effet sur l’euro. Nous ne sommes pas du tout sortis de la menace que font peser les marchés sur la monnaie unique. L’endettement des États est tellement considérable ! Ce sont de « petits » dominos, si j’ose dire, qui sont tombés pour l’instant (la Grèce, l’Irlande, le Portugal) mais derrière, si l’Espagne et la France entraient dans la tourmente, en perdant leur crédibilité sur les marchés, là ce serait autrement sérieux ! [...] Aux yeux des marchés, le « réassureur » de la France aujourd’hui, c’est l’Allemagne. Tant que l’Allemagne ne remet pas en cause le partenariat franco-allemand, la France reste protégée. Mais jusqu’à quand ?

Sur la sortie de la Grèce de l'euro

On ne peut même pas se dire que les trois pays pour lesquels un plan de sauvetage a été mis en place sont tirés d’affaires : c’est ce que nous apprend cette rumeur. Non, la Grèce n’est pas sauvée, loin de là. Maintenant, raisonnablement, je pense que le problème grec est gérable. C’est l’accumulation des cas d’endettement excessif en Europe ne l’est pas. Il serait de la responsabilité de la France d’annoncer un plan sérieux et crédible de baisse de la dépense publique : ce serait d’abord un bien pour les Français, mais aussi un signal fort envoyé aux marchés et à nos partenaires, au premier rang desquels l’Allemagne.


Sur l'Allemagne, la "locomotive" de l'Europe
Son modèle ne peut être suivi par tout le monde : l’Allemagne ne consomme plus depuis 10 ans, n’augmente plus ses salaires. Sa croissance vient essentiellement des exportations – notamment en direction de ses voisins européens. Si tout le monde faisait comme elle en Europe, ça irait mal !

mardi 29 mars 2011

Goldman Sachs, le Conseil Européen et l'explosion de l'Union monétaire

Paul Goldschmidt, ancien administrateur de Goldman Sachs International et ancien directeur à la Commission européenne (un bon mélange des genres qui témoigne de l'influence de Goldman Sachs sur les pouvoirs publics internationaux - à ce propos, il faut se souvenir que le FMI a dernièrement nommé à la tête de son département Europe l'ancien dirigeant de Goldman Sachs, Antonio Borges, actuel prétendant à la direction de la Banque Centrale Européenne)... Paul Goldschmidt, donc, a publié sur le site de l'Institut Thomas More une tribune intitulée : "Le Conseil Européen du 25 mars a dégoupillé la grenade qui pourrait faire éclater l’Union Monétaire et... l’Union tout court !" Paul Goldschmidt a un sacré sens de la formule ! Et n'hésite pas à critiquer (ou)vertement le Conseil Européen. Morceaux Choisis :

Nicolas Sarkozy Conseil Européen de Bruxelles 25 mars 2011Nicolas Sarkozy au Conseil Européen de Bruxelles, le 25 mars 2011

Des liens entre la crise bancaire de 2008 et la crise des dettes souveraines de 2010

Sur le plan économique et financier, la faiblesse de la position du Conseil réside essentiellement dans son refus de confronter bille en tête la corrélation entre la crise bancaire de 2008 et celle de la dette souveraine de 2010.

En effet, l’ensemble des mesures proposées par le Conseil Européen concernant le « Semestre Européen », le renforcement du « Pacte de Stabilité et de Croissance » et le « Pacte pour l’Euro », traduisent la volonté de faire peser sur des mesures d’austérité fiscales et budgétaires l’essentiel des efforts à fournir pour limiter l’endettement et assurer la solvabilité des emprunteurs souverains de l’UEM.

Or, une grande partie de la dette accumulée par certains pays résulte directement de l’engagement d’octobre 2008 visant à éviter toute défaillance d’une banque de l’UE en général et de la zone Euro en particulier. Ainsi les Gouvernements allemand, français, espagnol belge, hollandais, irlandais, anglais etc. ont « secouru » leurs banques en s’endettant considérablement tout en évitant ainsi une crise systémique du marché financier global. Malgré ces interventions massives, le secteur bancaire européen reste extrêmement fragile à cause des risques accumulés vis-à-vis d’emprunteurs souverains surendettés et de prêts octroyés à leurs banques.

Vers la noyade de l'Union Européenne

Après 60 ans, l’UE se trouve au milieu du gué et doit choisir entre trois possibilités : soit elle avance et atteint progressivement l’autre rive parachevant le processus de « fédéralisation », soit elle abandonne le projet et essaye de sortir de l’eau avec le moins de dégâts possibles, soit elle s’acharne à lutter à contre courant et se noie ! Ce n’est qu’avec la volonté politique sans faille d’atteindre l’autre rive que les mesures décidées par le Conseil ont une chance d’être acceptables à l’opinion publique européenne. Les indications pointent malheureusement, par défaut, vers la troisième option.

Lire la tribune intégrale de Paul Goldschmidt : "Le Conseil Européen du 25 mars a dégoupillé la grenade qui pourrait faire éclater l’Union Monétaire et... l’Union tout court !"

Voir également :
- La conférence de presse de Nicolas Sarkozy à l'issue du dîner de travail du Conseil Européen (vidéo) et (retranscription)
- Le rapport de conclusion du Conseil Européen des 24 et 25 mars 2011 (35 pages)

jeudi 17 mars 2011

Philipp Bagus et la tragédie de l'euro

L'Institut économique Molinari a publié une analyse du nouveau livre de Philipp Bagus, professeur associé à l’Université Rey Juan Carlos à Madrid, La tragédie de l'euro (à lire gratuitement en anglais sur Scribd). La conclusion est pour le moins radicale : la question de fond n’est pas de savoir s’il est encore possible de sauver l’Euro, mais quel Euro veut-on sauver. Le choix est plus que jamais entre réformes de fond ou inflation. Extraits.

Philipp Bagus Tragedy Euro tragediePhilipp Bagus : La tragédie de l'euro.

L'euro et le phénomène de la pâture commune

Comme Bagus l’explique dans son livre publié fin 2010, l’histoire de l’Euro pourrait être courte tant cette monnaie fait l’objet d’un phénomène dévastateur pour sa conservation, celui de la pâture commune. Ce phénomène économique décrit dès 1968 par Garrett Hardin explique comment une ressource perd de sa valeur voire disparaît ou du fait de sa surexploitation, lorsque des droits de propriété sont mal ou pas définis. Par exemple, le libre accès à une prairie commune conduit à sa sur-utilisation par des éleveurs ayant intérêt à y faire paître le plus grand nombre d’animaux. Faute d’assumer individuellement les conséquences de leurs actes, c’est-à-dire d’avoir à supporter le coût d’entretien et de réfection d’une prairie qui ne leur appartient pas, ils n’auront pas tendance à se comporter en investisseurs à long terme. C’est ainsi que rapidement la prairie, surexploitée, devient inexploitable pour la pâture.

Garrett Hardin Tragedie biens communsGarrett Hardin, auteur de l'article "La Tragédie des biens communs".

Pour Bagus, l’euro subit malheureusement le même phénomène. Il est géré de manière à inciter les différents états membres de l’UE à adopter des comportements de cavalier seul diminuant in fine les qualités de la monnaie européenne. C’est ainsi qu’il se révèle que progressivement une réserve de valeur de piètre qualité. Il y a lieu de craindre que l’euro – qui a déjà perdu 1/5ème de sa valeur depuis sa création – ne soit plus à terme un intermédiaire d’échange efficace si ce phénomène de perte de valeur s’accélère. Or le Système monétaire européen (SME), avec son unique banque centrale (la BCE), permet justement aux divers états membres de l’Union de gonfler leurs dettes et déficits à coup de création monétaire, détériorant le pouvoir d’achat de l’euro.

crise euroland monnaie PIIGS zone euroLe jeu de dominos de la crise monétaire de l'Euroland (© Le Point.fr)

L'euro : une aubaine pour les pays structurellement déficitaires

La mise en place de l’euro fut une aubaine pour les états structurellement déficitaires comme la Grèce, l’Espagne ou le Portugal, qui eurent accès à des taux d’intérêt beaucoup plus faibles qu’auparavant. Bénéficiant de la bonne réputation que la rigueur allemande donnait à l’Euro, ces pays ont pu s’endetter à des niveaux jusque là jamais atteints. C’est ce qui explique par exemple le gonflement de bulles immobilières. C’est aussi ce qui explique l’explosion de l’endettement public et les risques inflationnistes. En effet, lorsqu’un gouvernement fait du déficit, il émet en effet des bons du trésor. Une part importante de ces bons, pouvant servir de garantie pour l’octroi de prêts à la BCE, est achetée par les banques.

Lire également :
- Philipp Bagus : Y aura-t-il un QE3, QE4, QE5... ?
- Emmanuel Todd et le protectionnisme européen intelligent

lundi 21 février 2011

George Soros : "la guerre des monnaies est déjà déclarée"

George Soros guerre monnaies
Les Echos ont publié aujourd'hui un entretien avec George Soros, Président de Soros Fund Management et 35è fortune mondiale en 2010 selon Forbes (14 milliards de dollars). Pour George Soros, la menace d'une guerre des monnaies augmente, à vrai dire, "elle est déjà déclarée"... La faute aux Chinois !

La guerre des monnaies est déjà déclarée. Car, en pratique, il y a aujourd'hui deux systèmes monétaires : le système international et celui de la Chine, qui, encore une fois, sépare son compte courant de son capital. Le fait que la Chine ait choisi de laisser son compte de capital fermé lui donne un grand avantage tant qu'elle est la seule à le faire. Le Brésil, la Corée et d'autres pays asiatiques sont aussi tentés par cette tendance. Cela risque d'entraîner la fin du libre mouvement des capitaux et des changes, et une perte pour tout le monde. Ce serait un grave revers. Nous n'en sommes pas encore là, mais nous allons dans cette direction. La menace des guerres commerciales devient un vrai sujet de préoccupation. Il faut que la Chine se rapproche du système monétaire international à travers l'instrument des DTS. A cet égard, il serait exagéré de considérer le dernier sommet entre Barack Obama et Hu Jintao comme un succès. C'est surtout un constat amiable de désaccord. c'est pourquoi le président Nicolas Sarkozy a encore certainement un rôle constructif à jouer sur ce terrain.

Lire l'entretien complet avec George Soros sur Lesechos.fr.

jeudi 10 février 2011

Clash monétaire entre Bernanke et la Chine

Ben-Bernanke-FED-China-yuan
La guerre monétaire continue entre les États-Unis et la Chine ! Ben Bernanke, Président de la FED a tenté de faire la leçon à la Chine, qui n'a pas tardé à renvoyer le yankee arrogant dans les tréfonds de son pays en voie d'appauvrissement (PVA). Le litige est la dévaluation du yuan, qui met à mal les échanges commerciaux sino-yankees. Aux dépends des Américains, bien sûr. Selon des parlementaires américains, le yuan serait sous-évalué de 20% à 40%, conférant un avantage compétitif indu aux exportations chinoises. Une réévaluation du yuan rendrait les importations moins chères mais Pékin considère qu'elle mettrait en danger la compétitivité de nombreux exportateurs chinois.

Acte 1 : 9 février 2011

Lors d'une audition devant la Commission du budget de la Chambre des représentants, Ben Bernanke, Président de la FED dénonce la politique monétaire de la Chine, notamment la "sous-évaluation du yuan : "il serait dans l'intérêt à la fois des Chinois et du nôtre qu'ils réévaluent leur monnaie. Cela les aiderait à résoudre leur problème d'inflation". Selon Bernanke, la politique monétaire chinoise "contribue aux forts déséquilibres en terme de comptes courants que nous voyons de par le monde. Il se passe quelque chose d'assez surprenant d'une certaine façon: ils ont un problème d'inflation et ils s'y attaquent, mais pas en augmentant la valeur de leur monnaie, ce qui réduirait la demande pour leurs exportations".

Acte 2 : 10 février 2011

Lors d'une conférence de presse, M. Ma, le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, a expliqué à Bernanke la vision chinoise de la chose :" les faits ont prouvé que le taux de change du yuan n'était pas la cause principale du déséquilibre commercial entre la Chine et les États-Unis. Nous espérons que certaines personnes vont aborder ce sujet de manière objective".

Question : qui décide ?

Entre Ben Bernanke, Président d'une banque centrale discréditée de part et d'autre par des décennies de mauvaise gestion et d'inféodation à Wall Street, et M. Ma, porte-parole d'un des pays les plus prospères du Monde, qui aura le dernier mot ?

mercredi 2 février 2011

Jacques Attali : "l'euro disparaîtra si..."

Pour ses prédictions de l'an 2011, Jacques Attali a été clair sur LCI :
L'euro disparaîtra si nous ne sommes pas capables de mettre en place un fédéralisme budgétaire, avec un impôt européen et des bons du trésor européens.

vendredi 28 janvier 2011

Discours de Nicolas Sarkozy au Forum Economique de Davos

Pendant près d'une heure et demie, avec Maurice Lévy, le PDG de Publicis, dans le rôle de modérateur, Nicolas Sarkozy s’est livré à une défense sans ambiguïté de l’euro. « Je peux vous assurer que, aussi bien Madame Merkel que moi-même, jamais, vous m’entendez jamais, nous ne laisserons tomber l’euro, jamais », a-t-il lâché, évoquant les « conséquences cataclysmiques » d’une disparition de l’euro. Comme en écho, le président de la Banque centrale européenne (BCE) Jean-Claude Trichet a, lui, assuré qu’il n’y avait actuellement « pas de crise de l’euro », même s’il a reconnu qu’il fallait en améliorer la surveillance.

Discours intégral (cliquez sur "Original" puis "Apply" pour avoir le discours en français):

mercredi 26 janvier 2011

Michel Cicurel et le "sourire de la mondialisation"

Décidément très actif en ce début d'année 2011, après avoir montré son optimisme dans un entretien dans Les Échos, Michel Cicurel, Président du directoire de La Compagnie Financière Edmond de Rothschild, a publié une tribune le 19 janvier dans Le Figaro. Son titre : "Le sourire de la mondialisation". Il y fait une fois de plus preuve de son optimisme pour la situation économique et financière mondiale. Il souligne quand même que la situation peut basculer et s'effondrer à tout moment. Ce que Michel Cicurel met en avant, c'est que la mondialisation de la crise force les pays à s'aider mutuellement pour ne pas tous sombrer. Comme il l'écrit : "la crise globale entraîne une solidarité globale". C'est en effet une vision optimiste des choses.

Michel Cicurel en plein discours.

Tribune intégrale :

Les ingrédients de la situation économique et financière mondiale sont au comble de l'enchevêtrement. L'équilibre de la planète s'apparente au jeu de Mikado où le retrait d'une seule baguette peut faire s'effondrer tout l'échafaudage. Les marchés financiers, qui perçoivent bien l'imbroglio global, sont fébriles et surréagissent au moindre battement d'ailes de papillon suspecté de déclencher la tempête à l'autre bout du monde. Pourtant, après plus de trois ans de crise violente, l'œil s'accoutume à cet enchevêtrement complexe et pourrait bien déceler le bout du tunnel.

Et d'abord, parce que l'économie réelle ne va pas mal. Bien sûr, le chômage en Europe et aux États-Unis demeure élevé. Mais il n'a pas dépassé le niveau de la crise de 1993, bien plus banale, et l'emploi emboîtera, avec le décalage habituel, le pas de la croissance mondiale, repartie à la hausse à un rythme encourageant.

Certes, l'économie mondiale convalescente est encore sous traitement. Certes, les banques centrales recourent aux armes non conventionnelles, spontanément et massivement pour la FED, à contrecoeur pour la BCE. Mais les entreprises à spectre global des principaux indices boursiers se portent plutôt bien. Elles jouissent d'un monopole absolu au sein de la planète surendettée, celui du bilan parfaitement sain, et affichent de bons profits durables. Or, elles forment le coeur du réacteur qui amorce le cercle vertueux d'une croissance non assistée.

Au plan macroéconomique, la mondialisation a fait merveille. Les émergents, Chine en tête, ont provisoirement pris le relais de la croissance mondiale. Mais si les Bric en portent plus de 50 %, la seule vraie locomotive de l'économie mondiale demeure, pour longtemps, les États-Unis. La Chine, loin de le devenir, est le tender des États-Unis et plus discrètement de l'Europe, et ne peut donc laisser s'effondrer ni l'un ni l'autre de ses grands clients. Au moment où elle doit freiner sa demande interne car l'inflation est autant que le sous-emploi une plaie pour l'empire du Milieu, il ne faut pas que le moteur américain s'enraye. Or la croissance et le consommateur sont de retour aux États-Unis, avec des béquilles, certes, mais 2011 devrait être de bon augure. Quant à l'Europe, qui paye les décennies laxistes de son État-providence, elle n'évitera pas la cure d'austérité mais profitera de la reprise de l'Allemagne, remarquable tender, elle aussi, du couple sino-américain. Ainsi, la croissance mondiale encore sous assistance respiratoire retrouve les ressorts naturels de la guérison.

Pourtant, ce joli sentier de croissance serpente au coeur de l'Himalaya des dettes publiques entre les précipices abyssaux du dollar et de l'euro. La crise systémique globale affecte durablement tous les piliers du système, et nombre de risques majeurs sont devant nous. En premier, le système monétaire international qui se lézarde. L'euro, aujourd'hui malmené, le sera sans doute encore en 2011. Mais quid du dollar? Les États-Unis ont mal digéré l'euro, seul capable de rivaliser avec le dollar et de lui interdire de battre monnaie impunément et sans limite. Le dollar, unique monnaie mondiale qui vaille aujourd'hui, est un colosse aux pieds d'argile. Pour la première fois, les États-Unis s'enfoncent dans leurs déficits jumeaux devenus incontrôlables, alors que la zone euro ne souffre pas de déficit extérieur. Et, pire que les Pigs (Portugal, Italie, Grèce et Espagne) européens, la faillite de la Californie, huitième économie du monde s'il s'agissait d'un État indépendant. Le dollar progressera en 2011, mais combien de temps encore fera-t-il illusion?

Ce que Clochemerle de tous les pays a vu de sa fenêtre depuis le début de cette crise globale, c'est la contagion mondiale : une crise d'origine spécifiquement américaine a ravagé le système bancaire de la planète. Aujourd'hui, c'est une crise européenne, celle de la dette souveraine des États périphériques de la zone euro, qui pourrait à son tour le déstabiliser.

Pourtant, il apparaît un fait nouveau : la crise globale engendre une solidarité globale. Aucun État, aucune zone économique, aucune grande institution ne peut laisser s'effondrer l'enchevêtrement du Mikado. L'Allemagne ne peut se passer de l'euro, et les États-Unis l'encouragent à modérer sa volonté d'austérité. La Chine finance les déficits américains mais commence à veiller aussi sur les maillons faibles de la zone euro. Le monde s'émeut de la sous-évaluation du yuan mais comprend qu'une forte réévaluation serait mortelle pour la Chine, menacée par des voisins plus compétitifs. Bref, devant une crise mondiale s'installent inévitablement des solidarités intéressées.

L'expliquer aux Clochermerlins n'est pas simple. Il est réconfortant que les gouvernements affaiblis par la crise, malmenés par les tentations national- populistes de populations fatiguées n'aient à aucun moment cédé à la déraison du repli sur soi. Fatalement, les grands risques menaçant plus que jamais la planète seront progressivement pris en charge par la communauté internationale parce que c'est l'intérêt de chacun. Ce qui fait la différence avec la crise des années 1930. Et le premier motif d'espérance.

Le monde ne se rétablit pas. Il change. En un demi-siècle, la population mondiale progressera de 50 %, passant de 6 à 9 milliards. Brutalement, la finitude des ressources de la planète nous saute aux yeux. Tant le dérèglement climatique que les terres rares se rappellent à notre bon souvenir. Après l'emballement de croissance artificielle au tournant du siècle, où les ressources semblaient inépuisables et l'horizon trop rapproché, tout s'inverse. Le temps du monde fini est commencé, et le souci de la durée s'installe. Il est flagrant, bien au-delà de la finance, que les problèmes et les solutions sont planétaires. L'égoïsme ne recule en rien, mais il devient forcément mondial. Il est probable que les opinions vont commencer à répondre au sourire, jusqu'alors suspect, de la mondialisation.

Enfin, Michel Cicurel est intervenu, toujours le 19 janvier, sur la radio BFM (entretien trouvé sur le blog Aux Infos du nain):


→ lien


vendredi 21 janvier 2011

Angela Merkel veut sauver l'euro (et la Grèce)


Information de La Tribune : soumise à la pression de l'opinion, la chancelière allemande Angela Merkel prône un "gouvernement économique" de la zone euro à l'allemande. L'Allemagne va-t-elle gouverner la zone euro ? La Tribune évoque (avec humour et trait d'esprit, pour changer) la quasi officialisation de "l'Union europallamende". On attend les réactions de Christine Lagarde, pour qui (elle ne cesse de le répéter pour s'en convaincre) tout va bien dans la zone euro.

La prise de conscience de l'inévitable restructuration de la dette grecque, et donc, de la première mise à contribution de l'Allemagne va conduire Angela Merkel à poser ses conditions à ses partenaires européens. Dans une interview dans l'hebdomadaire Stern, la chancelière affirme ainsi qu'elle "fera le nécessaire pour sauver l'euro" et qu'il n'est "pas question de revenir au deustche mark". Mais le prix à payer sera celui d'une "plus forte coordination des politiques sociales et fiscales, des droits du travail et de l'évolution des salaires dans la fonction publique".

La chancelière donne un exemple concret : l'âge légal de départ à la retraite. "Il doit y avoir dans chaque pays une relation entre cette âge et l'évolution de l'espérance de vie". "On ne doit pas seulement en parler, il faut également le réaliser concrètement", prévient la chancelière. Autrement dit, ce sont bien les recettes allemandes que Berlin entend administrer à l'ensemble des pays de la zone euro. Cette fermeté est le seul moyen pour Angela Merkel de faire accepter à sa coalition et à l'opinion la contribution de l'Allemagne au sauvetage de la monnaie unique.

jeudi 20 janvier 2011

Michel Cicurel (LCF Rothschild) est plus optimiste qu'il y a un an

Michel Cicurel, Président du directoire de La Compagnie Financière Edmond de Rothschild depuis 1999, a donné le 10 janvier un entretien aux Échos. Il se révèle plutôt optimiste pour l'avenir économique international même s'il concède que "l'économie mondiale marche sur une ligne de crête". Il explique également que "la guerre des monnaies est une expression dénuée de réalité. Nous n'avons pas vraiment intérêt à ce que la Chine réévalue modérément le yuan". Plus prudent vers la fin la fin de l'entretien, il lâche tout de même cette évidence que certains font semblant d'ignorer : "un jour viendra où certains pays européens ne pourront rembourser la totalité de leur dette".

Michel Cicurel, ancien énarque et Président du directoire de la Compagnie Financière Edmond de Rothschild.

Extraits :
Le monde se remet lentement du choc de la plus grave crise financière depuis les années 1930. Comment voyez-vous l'année qui vient ?

Je suis bien plus optimiste qu'il y a un an. A l'époque, souvenez-vous, l'économie mondiale était en réanimation. Nous avions vidé les armoires à pharmacie, les banques centrales avaient ramené leurs taux à zéro, accumulé des quantités d'actifs de piètre qualité dans leurs bilans et les États déjà surendettés, grillant leurs dernières cartouches, étaient eux-mêmes en danger. Et malgré tout cela, la croissance restait trop molle. C'était inquiétant.

Il était facile d'imaginer un scénario du pire. Que, sous la pression des opinions publiques, le protectionnisme l'emporte. Un Congrès américain plus populiste face à une certaine Chine qui aurait pu choisir la riposte massive, en réduisant ses achats de dette publique américaine, amorçant une spirale de « guerre économique ».

Enfin, il y avait un doute très sérieux quant à l'attitude de l'Allemagne où, là encore, sous la pression de l'opinion intérieure, on pouvait craindre qu'Angela Merkel n'abandonne les autres pays de la zone euro à leur sort, déclenchant une crise grave du système monétaire international.
Bref, au regard de toutes ces catastrophes qui ne se sont pas produites, 2010 est une année de grand soulagement. La rationalité l'a emporté sur l'émotion

La zone euro a subi l'assaut des marchés l'an dernier. La monnaie européenne est-elle menacée dans son existence même ?

Mais non, en aucune façon ! La leçon de l'année écoulée est qu'on ne laissera aucun pays sortir de la zone euro et que l'existence de l'euro est irréversible. Depuis dix ans, les Anglo-Saxons saisissent tous les prétextes pour poser la question de la pérennité de la monnaie européenne qui rivalise avec le dollar et a marginalisé la livre. C'est absurde ! La Californie et d'autres États américains sont en faillite et cela ne menace pas l'existence du dollar, que je sache !

Bien sûr, nous allons encore traverser des périodes de grandes tensions au sein de la zone euro. Il y aura de nouvelles crises de la dette souveraine en 2011. Nous allons sans cesse flirter avec la limite, mais nous avons douloureusement appris en 2010 à pratiquer le massage cardiaque de l'euro.

L'envolée de la dette des États ne condamne-t-elle pas le monde développé à plusieurs années de rigueur ?

Il faudra bien sûr que le consommateur occidental, bien trop cigale depuis tant d'années, se fasse un peu plus fourmi à l'avenir. Mais comment ne pas voir en même temps que l'économie mondiale dispose de moteurs exceptionnels ? L'entrée du monde émergent et de sa classe moyenne dans la modernité, l'augmentation de la population mondiale de 3 milliards d'habitants en un demi-siècle signalent l'entrée dans un cycle de Kondratieff de croissance forte sur longue période. Cela signifie aussi que le sujet de la rareté va se poser de manière extrêmement aiguë. Rareté des énergies fossiles, de certains métaux décisifs ou des émissions de carbone supportables. Je n'ai jamais rencontré autant d'opportunités d'investissements spectaculaires, que l'on songe aux technologies de la communication ou à celles qu'impose le souci écologique.

Entretien complet de Michel Cicurel pour Les Échos ici.

mercredi 19 janvier 2011

L'Espagne est trop grosse pour être renflouée


Selon Guillermo de la Dehesa, ancien secrétaire d’État espagnol à l’Économie (PSOE), président du Centre for Economic Policy Research (CEPR), et vice-Président (ou président du vice) chez Goldman Sachs Europe, l’Espagne est trop grosse pour être renflouée ("too big to fail"). Guillermo de la Dehesa explique cela dans un article qui vise à démontrer que les plans de sauvetage devraient s’arrêter à l’Irlande pour éviter que la crise de la dette souveraine dans la zone euro ne connaisse une contagion auto-réalisatrice. En conséquence, les plans de sauvetage ne devraient pas toucher au Portugal, et encore moins à l’Espagne.

En effet :
Le stock de la dette privée et publique espagnole détenue par les citoyens et les banques des autres pays membres de la zone euro atteint presque 500 milliards d’euros. Un plan de sauvetage de cette ampleur pourrait provoquer une crise bancaire. Autrement dit, le renflouement de l’Espagne pourrait représenter un point de non-retour pour la survie de l’euro. Néanmoins, pour éviter un plan de sauvetage, l’Espagne doit montrer au reste de la zone euro qu’elle met en œuvre ce qu’elle a promis de faire : compléter un ajustement budgétaire rigoureux, une deuxième série de réformes du marché du travail et de la négociation collective , une réforme des retraites, la mise en œuvre de la restructuration des caisses d’épargne, et le lancement de réformes de l’éducation et de la santé. Cela signifie une plus faible croissance à court et moyen terme, mais un potentiel de croissance supérieur à plus long terme.

En conclusion, pour Guillermo de la Dehesa,
les dirigeants de la zone euro ne peuvent mettre en danger 52 ans d’intégration économique européenne et 16 ans d’intégration monétaire. C’est pourquoi ils doivent prendre des mesures aussi vite que possible pour empêcher la crise actuelle de devenir auto-réalisatrice. Le problème se pose aujourd’hui, donc ils devraient cesser de dépenser leur énergie en discutant de ce qu’il faudra faire en 2013 et au-delà.

Lire l'article complet : "Dix raisons d’arrêter les plans de sauvetage".

lundi 17 janvier 2011

Le dollar n’est pas près de perdre sa place


Barry Eichengreen, Professeur d’économie et de sciences politiques à l’université de Californie à Berkeley, a publié sur l'agence d’inspiration réformiste Telos, une tribune intitulée "Le dollar n'est pas près de perdre sa place", dans laquelle il explique que "si la crise de l’euro a un côté positif, c’est qu’elle a détourné l’attention des risques pour le dollar". Pas complètement faux, tant les spéculations sur la fin de l'euro en 2011 vont bon train...

Extraits :
La seule chose qui pourrait mettre en péril la domination du dollar serait une mauvaise gestion économique, significative, aux États-Unis. Ce qu’on ne peut exclure.

Le Congrès et l’Administration n’ont manifesté aucune volonté de prendre les décisions difficiles qui s’imposent pour combler le déficit budgétaire. Les Républicains sont délibérément devenus le parti du refus des nouveaux impôts et des promesses de coupes dans les dépenses publiques. Les démocrates sont incapables d’articuler une alternative. 2011 verra un autre déficit de 1000 milliards de dollars. Il est difficile d’imaginer que 2012, année électorale, sera différente. Et la situation ne fait que se détériorer avec des baby-boomers qui prennent leur retraite et des soins de santé et de retraite toujours plus onéreux.

vendredi 14 janvier 2011

Satyajit Das et la seconde Grande Dépression européenne

Satyajit Das, l'auteur de Traders, Guns & Money: Knowns and Unknowns in the Dazzling World of Derivatives, a publié le site indien Daily News and Analysis une tribune sur la crise économique de l'Europe, où il redoute l'arrivée prochaine d'une seconde Grande Dépression. Rien de moins ! Coup de poing et... légèrement catastrophiste ! Pour lui, l'Europe pourrait très bien tomber dans le chaos et la révolte populaire. Très rock, Satvajit Das estime que la chanson "Street Fighting Man" des Rolling Stones est plus actuelle que jamais. Sauf que le "Sleepy London Town" peut laisser place à une "Bailed out Europe".

Satyajit Das : élégance et sobriété.

L'article s'intitule : "European sovereigns stare at a second Great Depression". Il commence par ce commentaire de l'Irish Times qui établit un parallèle entre 2009 et 1916 :
Politics now increasingly dominates the economics. Commenting about the EU bailout of Ireland, the Irish Times referred to the Easter Rising against British rule asking: “was what the men of 1916 died for a bailout from the German chancellor with a few shillings of sympathy from the British chancellor on the side”.


Plus loin, Satyajit Das établit un nouveau parallèle entre la situation actuelle et les années 1930, préludes à la Seconde guerre mondiale. Ici, l'Asie (surtout la Chine) joue le rôle de l'Allemagne... Sauf que si l'Europe s'enlise, la Chine, qui a beaucoup investit sur le continent, pourrait être directement touchée :
In the prelude to World War 2, former British prime minister Neville Chamberlain dismissed the German occupation of Sudeten arguing that it was “a quarrel in a far away country between people of whom we know nothing.” [...] China, which contributed around 80% of total global growth in 2010, has expressed growing concern about the problems in Europe [...] China is also a major holder of euro sovereign bonds, standing to lose significantly if problems continue. China has indicated preparedness to use some of its $2.7 trillion of foreign exchange reserves to buy bonds of countries such as Greece and Portugal.

C'est reparti comme dans les années 1930 ?

Comme l'attitude du 3ème Reich a d'abord provoqué des conflits européens avant de devenir une guerre mondiale, Das soutient que si l'Europe n'arrive pas à régler sa dette, un effet domino entraînerait une crise de l'euro et un effondrement de l'économie internationale :
Unless resolved, the European debt problems will affect currency markets and through that channel the global economy. Any breakdown in the euro, such as the withdrawal of defaulting countries or change in the mechanism, would result in a sharp fall in the new currencies.


Das conclut donc de façon très alarmiste en comparant la faillite de la banque européenne le 11 mai 1931 et la situation actuelle. L'Europe est-elle prête à connaître une seconde Grande Dépression ?
On May 11, 1931, the failure of a European bank — Austria’s Credit-Anstalt — was a pivotal event in the ensuing global financial crisis and the Great Depression. The failure set off a chain reaction and crisis in the European banking system. Some 80 years later, European sovereigns may be about to set off a similar sequence of events with unknown consequences.



The Rolling Stones : un hymne qui renaît actuellement en Grèce, en Irlande, au Royaume-Uni. Bientôt en Espagne et au Portugal ? Et plus si Grande Dépression ? Mick Jagger et Keith Richards sont toujours dans les bons coups.

lundi 10 janvier 2011

Emmanuel Todd et le protectionnisme européen intelligent

Dans un entretien récent, donné au quotidien belge Le Soir, et repris sur le blog Tout sur la Chine, le politologue, démographe et essayiste français Emmanuel Todd, a livré son pronostic sur 2011, une année difficile pour l’euro. Et l’occasion pour lui de défendre de nouveau un "véritable protectionnisme européen". Emmanuel Todd n'y va pas avec le dos de la cuillère...


Emmanuel Todd sur les plans de relance économique :
2010 fut une année charnière. C'est l'année où les croyances, économiques et politiques dominantes de l'Occident sont arrivées au bout de quelque chose [...]

Les plans de relance ont, à la rigueur, relancé les profits dans les économies occidentales, ont regonflé à un niveau acceptable les indicateurs boursiers, mais n'ont pas fait repartir l'emploi, les salaires. Malgré ces plans, la dégradation du niveau de vie a commencé ; aux États-Unis, les indicateurs mettent même en lumière une diminution de l'espérance de vie [...]

Moi, je me bats depuis longtemps pour un protectionnisme intelligent.


Emmanuel Todd sur l'euro :
Je serais très étonné que l'euro, dans sa forme actuelle, survive à l'année 2011. S'il survit, ce sera dans un contexte de réorientation générale des politiques économiques européennes [...]

Pour moi, l'explosion de l'euro, c'est une probabilité de 90 %. Ce qui provoquerait un trou d'air idéologique formidable mais, dans ce contexte, j'ai très très peur de l'effet de délégitimation des élites.


Emmanuel Todd sur la relance européenne :
La sortie vers le haut : on veut sauver l'euro, on y tient vraiment et on accepte l'idée que le problème mondial, c'est le libre-échange, l'insuffisance de la demande. On fait revenir l'Europe à sa conception initiale de la préférence communautaire. On dit que l'Europe a le droit, dans un monde en guerre sur les coûts salariaux, de faire un virage protectionniste.

Entretien intégral à lire sur Tout sur la Chine.

Philipp Bagus : Y aura-t-il un QE3, QE4, QE5... ?

Philipp Bagus, professeur associé à l’Université Rey Juan Carlos à Madrid et auteur de The Tragedy of the Euro (à lire gratuitement sur scribd.com), a publié sur le site du Ludwig von Mises Institute (une organisation américaine libertarienne adepte de l'école autrichienne d'économie) un article intitulé : "Y aura-t-il un QE3, QE4, QE5... ?" Philipp Bagus commence ainsi :

Ben Bernanke a récemment annoncé que la phase 2 de l’assouplissement monétaire, connu sous le nom de QE2, pourrait être suivie d’une phase 3 voire 4, etc. Dans une interview début décembre 2010, il lui était demandé : « Anticipez-vous un scénario qui rendrait nécessaire d’acheter plus de 600 milliards de dollars ? » La réponse de Bernanke a de quoi surprendre : « Oh oui, c’est bien possible, dit-il. Tout dépend de l’efficacité du programme. Ça dépend du niveau d’inflation. Et pour finir, ça dépend de la façon dont l’économie se comportera. »

La réponse a cela d’intéressant qu’elle indique que la Fed (Banque centrale américaine) pourrait acheter davantage de bons du trésor tout en impliquant que l’assouplissement monétaire et l’inflation seraient deux phénomènes différents. En effet, ses déclarations ne seraient sinon que de simples tautologies : plus d’inflation dépend de l’inflation.

Un livre à lire : The Tragedy of the Euro.

Philipp Bagus poursuit en critiquant les assouplissements monétaires, leurs inefficacités et, surtout, leurs dangerosités. Extraits :

A vrai dire, QE1 pourrait entraîner davantage de malinvestissement et ainsi aggraver le problème. Nous pourrions assister à une japanisation du système bancaire au sein duquel des banques insolvables fonctionneraient sous perfusion de la Banque centrale [...]

La création monétaire ne rend pas la société plus riche. Elle ne produit pas davantage de biens. Elle a un effet redistributif en faveur de ceux qui la reçoivent en premier et au détriment de ceux qui la reçoivent ensuite. L’injection de monnaie dans un domaine de l’économie distord la production. Ainsi, QE2 ne permet pas d’assouplir l’économie. Au contraire, elle rend la récession plus dure et plus longue [...]

L’injection de nouvelle monnaie dans l’économie regonfle les vieilles bulles et en génère de nouvelles [...]


L'article complet est à lire en français sur le site de l'Institut Economique Molinari ou en anglais sur le site du Mises Institute.

Crise de la dette et menaces sur l'euro

Le 14 décembre 2010, l’Institut Thomas More a organisé une rencontre sur la crise de la dette et les menaces sur l'euros. Les intervenants étaient :

- Jean-Marc DANIEL, professeur d'économie à ESCP Europe, chargé de cours à l'École des Mines de Paris,
- Gérard DUSSILLOL, président du groupe de travail Finances publiques de l'Institut Thomas More,
- Paul GOLDSCHMIDT, ancien directeur à la Commission européenne, membre de l’Advisory Board de l’Institut Thomas More.

L'Institut Thomas More a publié sur son site un compte-rendu de ces interventions. En voici les extraits les plus forts.


Gérard Dussillol et la faillite de l'Europe :
A moyen terme, d’ici 2013, la question est de savoir si l'Europe et les États membres peuvent restaurer la confiance sur l'euro et sur la dette et comment ils peuvent le faire. La confiance sur la dette veut en fait dire sustainability, i.e. la capacité non pas de rembourser cette dette mais de la contenir... Les États européens fortement liés à l’euro n’ont rien à gagner d’une explosion de celui-ci du fait de leur fort engagement. Concernant la dette, les problèmes irlandais et grec sont a priori réglés ou en passe de l'être. Le Portugal est trop petit pour faire vaciller le système mais la question de l’Espagne est plus sérieuse : est-elle « too big to bail » ?, Après elle, c'est l’Italie et la France qui pourraient se retrouver sur le radar. Pour le moment, elles restent au bord du radar... mais pour le moment seulement.


Paul Goldschmidt et le désendettement :
Aujourd'hui, il faut évidemment se désendetter pour ne pas entraver la croissance et lancer un signal fort aux marchés afin qu’ils arrêtent la spéculation sur les dettes européennes. Deux solutions se présentent alors : soit on suit le modèle d’orthodoxie budgétaire avec des comptes publics en équilibre et donc un remboursement graduel de la dette, soit on dévalorise cette dette grâce à l’option de l’inflation.


Jean-Marc Daniel et l'union des pays européens :
Un véritable fédéralisme est difficile à tenir au niveau européen et ne peut être envisagé dans un avenir proche. L’Europe ne peut se mettre d’accord à 27. Or, elle a plus que besoin aujourd’hui d’être unie et de montrer sa cohésion face à des pays émergents de plus en plus puissants. L’idéal serait d’avoir des leaders prêts à mener et à incarner une politique et une ambition européennes. Rêvons un peu... On pourrait alors imaginer ainsi la distribution des rôles : l’Allemagne en leader sérieux, la France en leader en second moins sérieux, la Grande Bretagne en « traître » de comédie et l’Italie en Colombine fantaisiste et imaginative...

lundi 22 novembre 2010

La révolution bancaire de Cantona fait florès


En entretien vidéo entre Presse Océan et l'ancien joueur de football et demi-dieu macunien Éric Cantona enregistré le 8 octobre 2010 fait réagir les Français... et le quotidien anglais The Guardian. Mais plus que les médias, c'est un véritable mouvement citoyen nommé Bankrun 2010 qui s'est mis en place ! Sur Bankrun2010.com, un appel relayé par Facebook, donne le ton : "le 7 décembre, retirons notre argent des banques !" La véritable seule révolte selon Éric Cantona et, donc, les initiateurs de Bankrun 2010.

Retour à la genèse de cette initiative avec la fameuse vidéo d'Éric "kung-fu fighting" Cantona :



L'appel de Bankrun 2010 est plutôt clair et lucide sur un point : les responsables politiques sont des larbins à la solde des systèmes bancaires. Barack Obama en est la lumière illustration, Nicolas Sarkozy a de quoi le talonner (sans jeu de mots).

Nos responsables politiques ne peuvent à la fois répondre aux intérêts des marchés financiers et à ceux des citoyens. Aussi, il est grand temps de leur rappeler au service de qui ils ont été élus.

Puisque les grèves et les manifestations ne servent plus à rien, puisque quoi que nous fassions, nous ne sommes pas entendus, et puisque quoi qu’ils fassent, nous ne sommes pas consultés, nous avons décidés de frapper le système dans son organe le plus vital- LE SYSTÈME BANCAIRE.

Cet appel, très juste pour constater un état des lieux, est-il crédible ? En tout cas, il en dit long sur le ras-le-bol intégral de citoyens lambdas, sur la détresse ambiante (et réelle) et, surtout, sur l'opiniâtreté suicidaire à ne pas seulement prononcer le mot de Cambronne (ou d'Alfred Jarry !) au détour de la conversation ou d'une manifestation aux côtés de blaireaux syndicalistes (membres du club Le Siècle pour certains , comme Bernard Thibault), mais la volonté littérale de "semer la merde". Un bon terreau, c'est bien connu.

Voici le conclusion de l'appel de Bankrun 2010 :

Nous, les héritiers du chaos, nous avons un monde à reconstruire. Un monde où le travail ne sera plus vécu comme un asservissement, et l’absence de travail comme un drame, parce que nous aurons su repenser la manière dont l’homme de demain assurera sa survie, son éducation, son bien-être et ses vieux jours.

Nous invitons tous ceux qui veulent nous suivre sur cette voie - y compris vous, chers journalistes - à dépasser leurs peurs de l’inconnu et à poser les premières pierres pour la construction du système qui remplacera celui-ci et qui, avec ou sans nous, finira par s’écrouler, quand il nous aura tout pris. Nous préférons ne pas attendre que nous en soyons arrivés-là où pire encore, que pour sauver l’économie, une guerre de plus soit déclarée.

Nous remercions le footballeur Éric Cantona de nous avoir insufflé cette idée. Nous l’avons pris au mot. Les dés sont jetés. L’avenir nous dira si nous avons eu raison.

Nous verrons dans quelques semaines ce qu'il en est de ce mouvement. Une émanation de gauchistes trentenaies épatés par Fight Club de David Fincher ? Lecteur de Karl Marx et de Jean-Claude Michéa ? Post-situationniste reconverti dans l'agit-prop bancaire ? Défenseur du crédit social prôné par Ezra Pound ? Fan déçu de Canto qui veulent le réhabiliter après une carrière cinématographique moyenne ? Wait and see.

Quand les mouettes suivent le chalutier, c'est parce qu'elles pensent qu'on va leur jeter des sardines.