vendredi 29 avril 2011

Une croissance de 35% pour l'ISR en 2010

Article publié sur YouPhil : le marché français des encours de l'investissement socialement responsable (ISR) atteint 68,5 milliards d'euros.


Le rapport 2010 réalisé par l'institut de recherche Novethic sur le marché français de l'investissement socialement responsable (ISR) fait état d'une hausse de 35% des fonds labellisés ISR, passant de 50,7 à 68,3 milliards d'euros. Cela représente une "diffusion beaucoup plus large de la culture en ISR", constate Anne-Catherine Husson Traore, la directrice générale de Novethic.

Aujourd'hui, plus d'un euro sur six en épargne salariale est consacré à un investissement socialement responsable. Les encours atteignent 10 milliards d'euros, soit près de 18% de l'épargne salariale totale. Pour la directrice de Novethic, cette hausse est due à la loi du 4 août 2008 imposant la présence d'un fonds solidaire dans les entreprises. "De facto, des acteurs ont choisi l'ISR pour leurs fonds solidaires", précise-t-elle.

Lire également l'article de La Croix.

Lire le rapport de Novethic : "Le marché ISR français en 2010".

mercredi 27 avril 2011

Claude Bébéar et la dictature des marchés financiers

Dans cette vidéo de 21 minutes, Claude Bébéar, fondateur et Président de l'Institut Montaigne, tire les leçons à tirer de la crise financière. Il appelle notamment les chefs d'entreprise à refuser la dictature des marchés financiers.

Claude Bebear Institut Montaigne AXA
Dans la première partie de l’émission, Claude Bébéar livre son analyse de la crise financière de 2008-2009 et de ses conséquences sur l’économie. Il s’en prend au court-termisme qui règne sur les marchés financiers, défavorable aux investissements de long-terme des entreprises. Il revient par ailleurs sur la bonne tenue de la France au cours de la crise car le pays est moins « dérégulé » que d’autres.

Dans la deuxième partie, Claude Bébéar revient sur quelques réformes structurelles importantes, l’emploi des jeunes et les retraites en particulier. Il plaide en faveur de la création de fonds de pension en France auxquels, selon lui, on s’oppose surtout par « idéologie ».

Dans la troisième partie, Claude Bébéar analyse le rôle social de l’entreprise et indique quelles devraient être, selon lui, les priorités de la RSE pour les années à venir : « le rôle de l’entreprise doit aussi être de créer du bonheur ».

mercredi 20 avril 2011

L'enseignement de la finance en pleine mutation

Erwan Morellec, professeur de finance à l'École polytechnique fédérale de Lausanne, a publié le 20 avril dans le quotidien Le Temps une tribune sur les mutations nécessaires de la finance. Beaucoup de bon sens et de vœux pieux, mais malheureusement, Erwan Morellec n'est qu'un professeur de finance, il n'est pas banquier d'affaires. De nombreux économistes pestent depuis des années contre la financiarisation actuelle de l'économie, visant avant tout à la destruction de richesse et à l'appauvrissement des peuples au profit d'une kleptocratie transnationale toujours plus abjecte. Bref, cette tribune ne sera pas suivie d'effets. Ô triste monde ! Voici tout de même les meilleurs morceaux du texte d'Erwan Morellec.


Une remise en cause de la théorie financière classique

[La] crise a conduit à une réflexion approfondie sur le rôle de la finance dans les sociétés contemporaines et sur les changements à apporter à l'enseignement et à la recherche en finance. Cette réflexion s'inscrit dans un courant de pensée profond qui a commencé à remettre en question voilà plusieurs années déjà les fondements de la théorie financière classique (issus principalement de l'École de Chicago) dont les objectifs principaux étaient purement financiers, ayant trait par exemple à la détermination de prix d'actifs financiers comme les produits dérivés ou à la mise en place de portefeuilles d'actifs atteignant certains objectifs de rentabilité. Les chercheurs participant à ce changement ont développé de nombreuses nouvelles thématiques de recherche en finance, comme par exemple celles de la gouvernance d'entreprise, de la gestion des risques, de la microfinance, de l'organisation et de la transparence des marchés financiers, ou encore du rôle de la loi, des médias, et des gouvernements dans la régulation des comportements économiques.

La mode des investissements responsables et durables

On parle ainsi aujourd'hui d'investissement responsable, d'investissement durable, ou d'investissement «vert» dans des institutions financières qui, elles aussi, ont commencé à adapter leurs comportements [...] Bien que cette révolution soit déjà en route, il n'en reste pas moins qu'elle prendra du temps à se mettre en place et que ses résultats se diffuseront lentement, voire trop lentement pour certains [...].


Un nouveau paradigme se met en place

Il ne fait donc aucun doute qu'un nouveau paradigme se met en place qui implique non seulement les chercheurs en finance, mais aussi ceux en économie ou en droit. Ces collaborations fructueuses et ce pluralisme d'approches vont déboucher progressivement sur des réformes importantes tant dans l'enseignement de la finance que dans la perception de sa place dans l'économie, au service de la société. Elles devraient aussi permettre la mise en place de nouveaux outils permettant de mieux appréhender et de mieux contrôler les risques financiers. Ce projet ambitieux de réforme de la finance peut avoir des répercussions importantes sur notre société; sa complexité le rend néanmoins difficile à réaliser [...].

mardi 19 avril 2011

Le maire d'Unieux dépose plainte contre Dexia

Alors que les banksters de Dexia sont déjà mis à l'index à Gand en Belgique, Christophe Faverjon, le maire d'Unieux dans la Loire, a déposé plainte contre ces mêmes banksters pour "défauts de conseil sur les risques encourus, alors que la banque connaissait la situation financière d’Unieux". La ville d'Unieux avait contracté un prêt de 4 millions auprès de la banque en 2007. Ironie de l'histoire, Christophe Faverjon est un élu du Parti Communiste Français (PCF) ! Pas très malin de faire confiance à Dexia, le rouge !

Chrsitphe Faverjon : un communiste pas très regardant sur les banques...

Pour Le Progrès, Christophe Faverjon explique sa démarche et ses attentes. Extraits :

Christophe Faverjon, vous déposez plainte aujourd’hui contre la banque Dexia. Comment a évolué la situation depuis vos premières sollicitations, soit depuis bientôt un an ?

Elle s’est dégradée : le prêt indexé sur le franc suisse commence en septembre 2011. Aujourd’hui, on serait à 12,5%, on aurait 326 000 euros à payer en plus. C’est l’équivalent de onze emplois temps plein, 8,92% d’impôts locaux.

Dexia a-t-elle ouvert des portes de négociation ?

Nous les avons rencontrés à deux reprises. La dernière proposition consistait à payer une indemnité de 6,47 millions d’euros, qui s’ajoute aux 4 millions que l’on doit encore, si l’on voulait un taux fixe à 3,9%.

C’est de la provocation ?

Oui. En réalité Dexia est dans une situation financière très délicate. Elle ne peut pas se permettre de faire une offre intéressante, elle préfère le risque du contentieux.

D’autres collectivités attaquent-elles cette banque ?

A ma connaissance, nous sommes les seuls, avec le conseil général de Seine-Saint-Denis [...] L'État doit intervenir. Deux solutions : renationaliser ces banques qui sont financeurs publics, ou proposer comme Maurice Vincent que l’Etat crée une structure de défaisance de la dette qui récupérerait les emprunts toxiques. En échange, on prendrait des emprunts à la Caisse des dépôts dont les risques seraient assumés par l'État.

Les banksters Dexia et KBC lâchés par Gand


Nouvelle chronique du bankstérisme, cette fois-ci en Belgique : la ville de Gand a décidé de retirer entre 30 et 35 millions d'euros de ses comptes dans les banques Dexia et KBC pour protester contre les bonus versés à leurs dirigeants. Ces deux banques avaient été aidés par le pouvoir public pendant la crise financière. Dexia a décidé au début du mois de verser à son administrateur délégué Pierre Mariani une rémunération variable de 600.000 € pour l'exercice 2010, en baisse comparé à l'année précédente. KBC a annoncé pour sa part son intention de reprendre le versement de bonus à ses dirigeants.

Retour de la culture des bonus

L'échevin des Finances de Gand, au nord de la Belgique, le libéral Christophe Peeters, explique : « Nous réagissons de cette manière aux bonus confortables octroyés aux patrons. Quand tout allait mal, l'argent des contribuables a aidé les banques. Maintenant que la situation s'améliore, les banques recommencent la même culture de bonus. Nous ne disons pas uniquement que ce n'est pas éthique, mais nous agissons [...] avec le langage de l'argent. »

Aucun devoir de responsabilité, de morale et d'éthique

KBC a regretté la décision de la ville de Gand, tout en soulignant que la ville était dans son droit. Dexia a réaffirmé pour sa part que sa politique de rémunération était conforme aux dispositions légales et réglementaires européennes, belges et françaises. En Belgique, le nouveau gouverneur de la Banque nationale, Luc Coene, juge « indécent » que les banques qui ont bénéficié d'aides des pouvoirs publics octroient des bonus à leurs dirigeants.

Michel Barnier, ses bonnes paroles et sa naïveté face aux banques...

Déjà en janvier dernier, le Commissaire européen au Marché intérieur et aux Services, Michel Barnier déclarait : « dans la situation actuelle dans laquelle on demande beaucoup d'efforts à beaucoup de gens, les banques ont un devoir de responsabilité, de morale et d'éthique aussi ».

Non Michel, là est ton erreur : les banques n'ont aucun devoir de responsabilité, de morale et d'éthique.

mercredi 13 avril 2011

Crise économique et vol de papier toilette

C'est l'histoire insolite du jour. Rien ne dit si elle a été provoquée par la kleptomanie, les bas instincts naturels ou la précarité économique issu de la crise. Un responsable politique local du parti allemand Die Linke (l'équivalent teuton du Front de Gauche) a été pris en flagrant délit de vol de papier toilette. Comme il s'agit d'un responsable politique, on serait tenté de justifier cet acte par la kleptomanie inhérente à sa fonction. On imagine d'ici le franc-maçon Jean-Luc Mélenchon voler des rouleaux de papier toilette pour s'amuser de l'origami : des pliages en forme de triangle ou autres symboles faussement ésotériques pour dégénérés laïcards.

Jean-Luc Melenchon franc maçon front de gauche siecle
Origami franc-mac façon Jean-Luc Mélenchon !

La disparition à la mairie de Stralsund de plus de 200 rouleaux de papier toilette au fil des semaines, souvent les jours de réunion du conseil municipal, avait mis la puce à l'oreille au concierge. Il s'est caché dans les toilettes des hommes pour tendre un piège au voleur. Frank-Michael John, 24 ans, a été pris la main dans le sac, en train de dérober deux rouleaux de papier hygiénique.

Selon Ralf Lechte, porte-parole du parquet de Stralsund, "nous enquêtons sur le vol d'objets de faible valeur. Quant à savoir si des poursuites vont être engagées, cela dépendra du suspect et d'éventuels antécédents".

mardi 12 avril 2011

La banque irlandaise AIB dans le rouge !

La banque Allied Irish Banks (AIB), récemment nationalisée (et détenue à 90% par l'État), a déclaré ce matin une perte de 10,4 milliards d'euros en 2010. Cette perte est près de cinq fois plus élevée que pour 2009. Les dépôts des clients ont ainsi diminué de 22 milliards d’euros l’an passé. Malgré les 13,3 milliards alloués fin mars dans le cadre du plan de sauvetage des banques irlandaises, l'établissement annonce la suppression de 2.000 postes d'ici à l'année prochaine.


Un plan de restructuration irlandais déjà compromis

Effectivement, fin mars, AIB recevait déjà à elle seule 13,3 milliards d’euros lors du dernier plan de renflouement des banques par l'État. Parmi les mesures du plan de sauvetage mis en place par l’Irlande figure la création de deux "piliers" : l’un naîtra de la fusion d’AIB avec la société de crédit EBS, l’autre reposera sur la Bank of Ireland. Un plan qui ne commence pas très bien, c'est le moins que l'on puisse dire !

Affaire à suivre dans la faillite progressive des banques et des États de l'euroland.

mardi 5 avril 2011

Attali, Lorenzi, la France et la mondialisation

Le Figaro du 5 avril 2011 a publié un entretien croisé entre Jacques Attali, la pythie de l'économie contemporaine, et Jean-Hervé Lorenzi, président du Cercle des économistes et conseiller du directoire de la Compagnie Financière Edmond de Rothschild depuis 2000. Tous les deux publient leur nouvel ouvrage : Demain, qui gouvernera le monde ? pour Jacques Attali (un plaidoyer même pas déguisé pour une gouvernance mondiale, on commence à connaître l'antienne), et Le Fabuleux Destin d'une puissance intermédiaire pour Jean-Hervé Lorenzi (la "puissance intermédiaire" étant, bien sûr, la France).

Jacques Attali tabac livres gouvernance mondialeJacques Attali : la gouvernance mondiale pour lutter contre le chaos imminent est sa marotte.

Le meilleur moment de l'entretien est sans conteste les réponses d'Attali et de Lorenzi à la question : "Comment la France peut-elle se maintenir au rang de puissance qui compte dans la mondialisation ?" Jean-Hervé Lorenzi soulève deux thématiques essentielles pour sortir la France de son marasme. On ne peut que l'approuver sur le point crucial du conflit intergénérationnel et du captage du pouvoir et de l'argent par une mafia de gérontocrates illégitimes qui étouffe le pays. Même Honoré Balzac n'imaginait pas un tel réseau de kleptocrates pourrissants et pourrisseurs. Stendhal, un peu plus.
Rarement nous avons été confrontés à une telle difficulté de politique économique. Il nous faut nous attaquer à la réduction de la dette publique, ce qui arithmétiquement constitue une baisse du pouvoir d'achat moyen. Celle-ci doit donc être compensée au moyen d'une réforme fiscale juste et associée à une vraie réforme de l'État [...] Par ailleurs, nous devons résoudre un vrai conflit intergénérationnel. Notre génération a capté l'argent, le pouvoir, les emplois. Il faut par tous les moyens essayer de favoriser des transferts normaux entre générations et ouvrir le marché du travail à la génération montante dans des conditions équivalentes à celles que nous avons connues. Il n'est pas normal qu'un jeune diplômé qui postule pour un simple stage de quatre mois soit obligé de passer cinq entretiens successifs ; ni que deux tiers de nos jeunes soient recrutés en contrat à durée déterminée ; ou que 150 000 jeunes sortent de l'école secondaire sans la moindre qualification.

Jean herve lorenzi guerre capitalisme puissance intermediaireJean-Hervé Lorenzi, auteur du Fabuleux destin d'une puissance intermédiaire.

Jacques Attali souligne quant à lui l'importance de développer une économie "de profit et de justice sociale" et la francophonie, propre à perdurer un semblant d'éclat français dans le monde.
La France doit basculer de l'économie de la rente (éducative, foncière, culturelle, de pouvoir, de classe sociale) à l'économie de profit et de la justice sociale. Si l'État ne se réforme pas, les talents partiront. La France, comme tout autre pays ou comme toute ville, doit se comporter comme un hôtel, c'est-à-dire un pays ouvert, attractif aux idées, aux gens, aux investissements . Mieux, elle doit aller chercher les gens de talent de tous les pays. Non pas nécessairement les bac + 5, mais tous ceux qui ont de l'énergie, qui ont envie de travailler, de créer. Pour moi, l'avenir de la France passe en particulier par la francophonie. La langue française est la seule dont le nombre de locuteurs va être multiplié par quatre en quarante ans grâce à l'Afrique. C'est un outil fantastique, surtout au moment où l'Afrique va devenir une grande puissance économique.

lundi 4 avril 2011

Jacques Mistral et la transition économique de la Chine

L'économiste Jacques Mistral vient de publier pour l'IFRI (Institut français des relations internationales) une étude de 40 pages intitulée La réorientation de la croissance chinoise ; sa logique, ses enjeux et ses conséquences. Pour les économistes, tout ce qui touche à la Chine est primordial. Les États-Unis et l'Europe sont tellement affaiblis et acculés par les banques d'affaires qu'ils flippent à la moindre déclaration d'un ministre chinois. Le vice-Premier ministre Wang Qishan pour ne citer que lui !

Wang Qishan et Barack ObamaWang Qishan et Barack Obama se font un basket sous l'œil amusé d'Abraham Lincoln.

L'obligatoire transition économique de la Chine

Jacques Mistral se veut optimiste : pour lui (et comment ne pas lui donner raison ?), craindre la Chine n'est pas la meilleure solution pour instaurer de saines relations politico-économiques. Le cœur de l'étude Jacques Mistral est de montrer que, comme les autres pays, la Chine n'est pas un bloc monolithique capable de faire la pluie et le beau temps sur l'économie mondiale... Du moins, pas sans se remettre en cause et évoluer. Jacques Mistral explique que la Chine a également été touchée par la dernière crise mondiale mais qu'elle a très vite su rebondir. L'Empire du Milieu effectue actuellement sa transition économique, jugée nécessaire. Qu'elle est-elle ? Explication :
On désigne ainsi le passage d’un modèle de croissance mercantiliste, tiré par l’investissement, les exportations et des excédents commerciaux gigantesques, à un modèle de croissance endogène reposant sur la progression de la demande intérieure, plus respectueux des enjeux environnementaux et induisant des relations plus équilibrées avec ses partenaires commerciaux [...] Il ne s’agit rien moins que de transformer les structures de consommation et de production, les mécanismes de distribution du revenu et donc le marché du travail, la structure sociale et sans doute aussi, finalement, les structures politiques.

Voilà l'idée centrale de l'étude de Jacques Mistral. S'ensuit cinq chapitres sur la transformation de la mondialisation par la Chine ; la double réorientation de la croissance chinoise (la stabilité sociale et le rattrapage technologique) ; les risques et dilemmes de la nouvelle croissance ; le climat des affaires et les stratégies d'entreprises ; et enfin, le renmibi, une monnaie entre deux systèmes.

China Rock punk"Chinese Rocks !"

L'Europe et le "pari chinois"

Comme l'écrit Jacques Mistral, "la mondialisation, la crise, l’émergence de la Chine : ce ne sont pas des hypothèses, mais des faits face auxquels l’Europe, la France en particulier, ses entreprises plus concrètement, doivent faire des choix décisifs". La Chine est d'ailleurs actuellement le premier fournisseur de l'Europe. Cette dernière doit donc profiter de la mutation économique chinoise pour l'accompagner et nouer des relations saines et amicales.

C'est ainsi que la conclusion de Jacques Mistral s'adresse plus aux Européens qu'aux Chinois : "la seule chose dont nous ayons à avoir peur vis-à-vis de la Chine, c’est de ne pas savoir nous-mêmes ce que nous voulons faire de notre avenir". Une bonne question à laquelle ne sont pas prêts de répondre les seconds couteaux rouillés et émoussés de l'Union Européenne, en particulier de la France.

Nous, Européens, sommes presque assommés par le spectacle de nos faiblesses, les divisions et rivalités internes, l’enlisement dans une croissance au mieux modeste, le processus chaotique par lequel il faut passer pour trouver une issue à la crise des dettes souveraines. Il nous faut rebondir, c’est ce qu’attendent nos partenaires chinois, faute de quoi ils nous feront en effet basculer du mauvais côté de leur histoire. Mais ce n’est pas encore le cas, loin de là, car, vu de Pékin, l’avenir de la scène mondiale n’est rien moins que transparent et l’Europe est loin d’être marginalisée : elle reste une puissance économique et, plus important, un élément de stabilité dans un monde en voie de multipolarisation.

Au fond, la leçon de cette enquête est assez simple. La réorientation de la croissance chinoise est l’un des paramètres qui déterminera l’avenir de l’économie mondiale, son succès n’est pas garanti à 100 %, les risques sont élevés. Pourtant, même si l’avenir de la Chine est bourré d’inconnues, il faut faire le pari chinois. Paradoxalement, ce n’est pas le parti le plus difficile à prendre. Puisqu’il s’agit d’établir une relation adulte avec la Chine, ce dont nous devons avoir conscience, c’est que les clés sont dans notre main : la seule chose dont nous ayons à avoir peur vis-à-vis de la Chine, c’est de ne pas savoir nous-mêmes ce que nous voulons faire de notre avenir.