lundi 11 octobre 2010

Crise monétaire et nouvel ordre mondial


L'étude d'un nouvel ordre mondial n'est plus le seul apanage de conspirationnistes paranoïaques. Pour preuve, Jean-Marie Colombani a publié le 7 octobre sur slate.fr une tribune intitulée "La crise a enfanté un nouvel ordre mondial". On lit ceci :

A l’occasion d’un colloque début octobre à Athènes, Romano Prodi, ancien président de la Commission européenne et, par deux fois, ancien président du gouvernement italien, a brossé un vaste panorama géostratégique. Il a évoqué les quatre conséquences les plus visibles dans l’ordre géopolitique de la crise économique et financière actuelle :
- La perte, par les États-Unis, de leur statut de puissance responsable de la stabilité économique mondiale.
- La mise en lumière cruelle des faiblesses structurelles de l'Europe ; à commencer par l’absence, dans la zone euro, d’un gouvernement économique ou, au moins, d’une harmonisation fiscale et budgétaire parmi les membres de l’«Euroland». Plus grave sans doute, le reflux qui s’en est suivi dans les opinions publiques des pays membres de l’idéal européen.
- L’accélération du développement des économies émergentes, lesquelles deviennent de plus en plus des puissances à part entière. De ce point de vue, on avait coutume d’évoquer les «BRIC» (Brésil, Russie, Inde, Chine), alors qu’il faudrait plutôt désormais mentionner les «BIC» (Brésil, Inde, Chine), la Russie étant un cas à part et ressemblant de plus en plus à un émirat du Golfe, produisant du gaz et du pétrole.
- La réallocation du partage du pouvoir au niveau planétaire ou, si l’on préfère, son rééquilibrage dans un monde devenu définitivement multipolaire (constat qui nous ramène au point 1).

Le 10 octobre, sur lemonde.fr, Alexandre Kateb, Economiste, Maître de conférences à Sciences Po, pose une question similaire : "Guerre des monnaies ou nouvel ordre mondial ?" Extrait :

L’expression de « guerre des monnaies » masque le fond du problème, beaucoup plus profond, diagnostiqué non par des économistes, mais par des historiens comme Immanuel Wallerstein, auteur d’une réflexion d’inspiration braudélienne sur les transitions hégémoniques. En effet selon Wallerstein toute phase de transition entre deux grandes puissances hégémoniques – les États-Unis et la Chine dans le cas présent – implique une période de désordre lié aux résistances compréhensibles face à la nouvelle donne. Le recentrage de l’économie mondiale sur l’Asie prive en effet les États-Unis de leur rôle de pivot du système économique et monétaire international. Sans parler de l’Europe reléguée au rang de lointaine périphérie dans le nouveau système-monde qui s’annonce. Ces résistances au changement expliquent les incroyables lenteurs des réformes en matière de gouvernance mondiale, à l’instar du processus de repondération des voix au sein du FMI qui fait apparaître le caractère anachronique de règles fixées il y a plus de soixante ans.

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