mardi 29 novembre 2011

François Soulage (Secours Catholique) et l'économie sociale

Dans un entretien donné à La Montagne, François Soulage, économiste et président du Secours catholique, dénonce une société "inégalitaire" et estime que personne ne devrait être obligé d'acheter "son droit à l'assistance". François Soulage s'explique sur le microcrédit, l'économie sociale et solidaire, et les causes de la pauvreté en France.

françois soulage
François Soulage, président du Secours Catholique.

Quelles sont les raisons de votre venue en Haute-Loire ?

J'ai signé une convention de partenariat sur le microcrédit. Cet établissement bancaire fera crédit sur un dossier présenté et partiellement garanti par le Secours catholique. J'ai participé aussi à une conférence le 24 novembre sur le thème de l'économie sociale et solidaire.

Qu'est-ce que l'économie sociale et solidaire ?

L'économie sociale, c'est un ensemble d'entreprises dont le capital appartient aux usagers, et non pas aux actionnaires. Leur objectif n'est donc pas de faire de la rentabilité. Quant à l'économie solidaire, ce sont des entreprises dont la finalité est de répondre à des besoins sociaux auxquels le marché traditionnel ne répond pas ou répond mal. Par exemple, des entreprises d'insertion, d'agriculture de proximité, de services à la personne, etc.

Que pensez-vous de la décision de Bruxelles de prolonger son programme d'aide alimentaire jusqu'en 2014 ?

Je ne voudrais pas qu'on se réjouisse trop de cette prolongation. Cela voudrait dire qu'on se félicite qu'il y ait beaucoup d'aide alimentaire, or il ne devrait plus y en avoir. En 2014, je souhaite qu'il y ait un débat de fond pour aller plus loin.

Comment peut-on aller plus loin ?

J'essaie d'être réaliste. De voir comment, avec les moyens actuels, on peut couvrir des besoins qui permettent aux plus démunis de commencer à construire quelque chose. Par exemple, il faudrait mettre en place plus d'hébergements de stabilisation pour que l'accompagnement soit plus important.

Quelles sont, selon vous, les causes de la pauvreté ?

Aujourd'hui, la société est de moins en moins solidaire et les inégalités s'accroissent. Dans notre rapport, on se rend compte que les gens en grande pauvreté s'enfoncent dans cette grande pauvreté, que l'écart se creuse. Et comme nous sommes dans une société qui ne fabrique plus d'emploi mais des opportunités, le capital social joue un rôle essentiel. Or les pauvres n'ont plus de capital social.

Cela explique la paupérisation des jeunes ?

40 % des jeunes qui viennent nous voir sont au chômage et 30 % sans ressources. Le drame c'est que quand ils sont dans une famille en difficulté, leurs propres difficultés s'accroissent. C'est un cercle vicieux. C'est ce qu'on appelle la reproduction sociale. En période de crise, lorsque la bataille pour l'emploi est plus dure, la reproduction sociale joue de plus en plus car il ne suffit plus d'avoir un bon diplôme. Il faut être dans le bon quartier, avoir une famille qui peut vous soutenir

Source : La Montagne

vendredi 25 novembre 2011

Les Grecs retirent cinq milliards des banques du pays

La semaine du 31 octobre au 6 novembre, les Grecs ont retiré 5 milliards d'euros des banques du pays, soit près de 3% du montant total des dépôts, en raison de la crise politique et de leur crainte d'un abandon de l'euro. Ce "bankrun" a suivi l'annonce de l'ancien Premier ministre George Papandréou d'organiser un référendum sur le plan de sauvetage financier de la Grèce par l'Union européenne et le Fonds monétaire international.

emeutes grece 2011
Manifestation Place Syntagma, à Athènes.

Selon un banquier resté anonyme, "de nombreuses personnes ont retiré leur argent des banques jeudi et vendredi et les convoyeurs de fonds ont eu du mal à approvisionner les banques en liquide pour répondre à cette demande extraordinaire [...] Nous en sommes arrivés au point où des clients demandent à retirer jusqu'à 600.000 ou 700.000 euros en liquide pour ramener l'argent chez eux, c'est incroyable. Le système est mis à rude épreuve."

Source : Reuters

jeudi 17 novembre 2011

La franc-maçonnerie européenne de Goldman Sachs par Marc Roche

Marc Roche, auteur de "La Banque - comment Goldman Sachs dirige le monde" (2010) et "Le capitalisme hors-la-loi" (2011) a publié le 16 novembre dans Le Monde un article sur le putsch européen de Goldman Sachs, symbole du banksterisme et de la voyoucratie de l'hyperfinance. En effet, le nouveau président de la Banque centrale européenne Mario Draghi, le président désigné du conseil italien Mario Monti et le nouveau Premier ministre grec Loucas Papademos sont les figures totémiques de ce maillage serré. Sans compter, Otmar Issing, ex-membre du directoire de la Bundesbank et ancien économiste en chef de la BCE ; et l'Irlandais Peter Sutherland, un administrateur de Goldman Sachs International, qui a participé en coulisses au sauvetage de l'Irlande. Extraits :

Mario Draghi
Mario Draghi, nouveau président de la BCE.

Histoire de la conquête européenne de Goldman Sachs
Un petit retour en arrière s'impose à ce stade. C'est à Londres que l'aventure européenne de GS a commencé dans la foulée du " Big Bang " de 1986, la libéralisation totale de la City. Goldman Sachs International, la première filière à l'étranger, voit le jour. Les premiers conseillers pays non américains sont recrutés. Ces missi dominici doivent se servir de leur carnet d'adresses pour faire connaître la banque, qui est à l'époque un partenariat de taille moyenne sur le continent, l'informer des us et coutumes de la vie des affaires et de la situation politique.

A la fin des années 1980, le groupe s'étend au reste de l'Europe, en particulier en France, en Italie et en Allemagne. Dans l'Hexagone, Jacques Mayoux, ancien président de la Société générale qui fut également le patron du groupe sidérurgique Sacilor, est nommé vice-président de Goldman Sachs Europe. En 2004, Charles de Croisset, ancien patron du Crédit Commercial de France (CCF), lui succède.

Bon nombre de ces nominations ont été supervisées par l'ancien commissaire européen Peter Sutherland. L'Irlandais sait renvoyer l'ascenseur. Ainsi, en mai 2010, il a coopté Mario Monti pour le remplacer à la présidence européenne de la Trilatérale, un des plus prestigieux cénacles de l'élite internationale.

jeudi 10 novembre 2011

Présidentielles 2012 et franc-maçonnerie

Le 22 novembre, le Grand Orient de France (GODF) reçoit au Temple Groussier ses invités, parmi lesquels... François Hollande ! Ce jour-là, François Hollande, candidat du Parti Socialiste, y sera convié par les loges République et Salvador Allende, dans le cadre d'un programme d'audition de candidats à la présidentielle.

melenchon franc maçon

François Bayrou et Jean-Luc Mélenchon (qui n'aime pas qu'on lui rappelle qu'il est franc-maçon... pourquoi tant de pudeur ?) ont déjà répondu à l'appel, les 27 septembre et 8 novembre. Nicolas Sarkozy, Eva Joly et Hervé Morin sont attendus dans les prochains mois, ainsi que Jean-Pierre Chevènement.

Les non-initiés auront-ils les retranscriptions de ces audiences, ô combien importantes pour le choix "républicain" et 'démocratique" de la prochaine échéance électorale ?

lundi 7 novembre 2011

Goldman Sachs : la zone euro pourrait être démentelée

Selon Jim O'Neill, président de Goldman Sachs Asset Management, le Portugal, l'Irlande, la Finlande, la Grèce pourraient sortir de la zone euro plutôt que de dépendre de règles budgétaires plus centralisées. Dans un entretien publié par le Sunday Telegraph, il affirme : "les Allemands veulent plus d'unité budgétaire avec l'idée d'un ministère des finances. Il est difficile d'imaginer que tous les pays qui ont rejoint la zone euro veuillent un tel régime, y compris celui qui est tellement en grande difficulté - la Grèce".

Jim O'Neill de la Goldman Sachs.

Selon Jim O'Neill, seuls l'Allemagne, la France et le Benelux sont faits pour une union monétaire. Il ajoute que des pays tels que la Finlande et l'Irlande, en tant que voisins d’États non membres de l'euro - la Suède et le Royaume-Uni - pourraient préférer quitter la monnaie unique, ce qui devrait se traduire par son appréciation.

jeudi 3 novembre 2011

Traitement du G20 dans la presse

Voici quelques titres et extraits d'articles de la presse française consacrés au sommet du "G20 Cannes 2011". Instructif.

Le Figaro : "Nicolas Sarkozy endosse ses habits de « président des crises"
"Quel que soit le résultat du G20, Nicolas Sarkozy espère qu'il aura fait la preuve devant les Français de son obstination à trouver des solutions. Pour son entourage, "le président des crises" apparaît complètement à son affaire au moment où François Hollande "se contente d'ironiser sur le chef de l'État".

Le Monde : "G20 : la France à l'épreuve des émergents"
"L'activisme de Nicolas Sarkozy sur la Libye a heurté. Les IBAS (Inde, Brésil, Afrique du Sud) sont des démocraties, mais leur approche de la défense des valeurs à l'échelle internationale n'est pas celle du président français qui les accueille à Cannes."

G20 Cannes 2011G20 de Cannes 2011 : "Nouveau monde, nouvelles idées" ?

L'Humanité : "Un G20 hanté par la peur de la démocratie"
"La souveraineté populaire d'un État membre ne vaut que lorsqu'elle est conforme aux décisions du cénacle des chefs d'État. Or, précisément, le problème soulevé par la crise politique grecque est d'ordre démocratique. On a sous-estimé en haut lieu la rébellion de tout un peuple contre sa mise sous tutelle par ses créanciers de la troïka (UE, BCE, FMI) prévue explicitement par le plan européen."

La Croix : "Les pays émergents s'inquiètent de la crise de l'euro"
"Le premier ministre indien, Manmohan Singh, a déclaré hier que la crise dans la zone euro "est devenue la principale source d'inquiétudes pour l'économie mondiale". L'agence Chine nouvelle a, de son côté, estimé que le projet de référendum grec était "une alerte qui pourrait déclencher d'autres reculs ou revers".

La Tribune : "Gouvernance mondiale : les blocs régionaux font de la résistance"
"L'un des conseillers du président russe Dmitri Medvedev a dit voici quelques jours, sur une radio russe, que le problème du G20 était que les décisions prises n'étaient jamais mises en vigueur et il en prenait pour preuve la décision d'augmenter les pouvoirs des pays émergents au FMI, qui n'a pas encore été réellement concrétisée."

mercredi 2 novembre 2011

Occupons la Défense le 4 novembre

occupons la defense
Reproduction de l'"Appel aux journalistes et aux blogueurs", publié le 2 novembre par le mouvement Occupons la Défense. A relayer.

A partir de vendredi 4 novembre 2011, 17h, nous occuperons le quartier d’affaire de La Défense.

Par leur traitement des différents mouvements de contestation qui ont lieu partout dans le monde, les médias nous indignent de plus en plus ! Comment peuvent-ils traiter des sujets aussi graves et indignants en une petite colonne ou dans un sujet télévisé d’à peine une minute ?

Les questions de la création monétaire, du rôle de la BCE (et de la récente nomination de son nouveau président), de la crise actuelle de la zone euro et de la finance mondiale, de l’illégitimité du G20 et de la précarisation des citoyens (entres autres) sont expédiées et traitées avec fatalité.

Il ne passe pas une journée sans qu’une nouvelle information nous indigne toujours plus. Pour passer pas mal de temps sur le terrain, dans la rue, la population est dans sa très grande majorité tout aussi indignée que nous. Nous ne sommes pas des utopistes marginaux. De grands noms de l’économie, de la sociologie et des médias (encore trop peu nombreux) soutiennent notre cause et saluent nos actions.

Nous posons alors la question suivante : Pourquoi, les journalistes (dont les emplois sont de plus en plus précarisés et la liberté de ton de plus en plus menacée) ne nous soutiennent pas plus ouvertement ? Nous avons besoin d’eux et de vous, amis blogueurs, pour ouvrir les yeux à la majorité de la population et pour leur montrer que, contrairement à ce qui se dit dans les journaux télévisés, la révolte est bien là, que d’autres solutions sont possibles et proposées.

Nous en avons assez du traitement de nos actions dans les médias. Toujours minimisées, trop peu expliquées et souvent ridiculisées.

Nous en appelons donc aujourd’hui à chacun d’entre vous: que votre blog soit visité par 5, 10, 100 ou 10.000 personnes par jour à relayer notre appel, à diffuser les informations sur l’occupation de la Défense et sur les aberrations du monde dans lequel on vit et que nous voulons changer.

Nous sommes les 99%, nous sommes indignés, nous sommes de plus en plus révoltés, nous ne les laisserons pas nous décourager !

Liens utiles :

http://occupyfrance.org
http://paris.reelledemocratie.com
http://facebook.com/occupyfrance
http://facebook.com/occuponsladefense
http://twitter.com/occupydefense
http://twitter.com/occupyfrance
http://twitter.com/acampadaparis

mardi 1 novembre 2011

Vers un accord économique Russie - Kirghizistan ?

Selon une source anonyme du gouvernement russe, la Russie pourrait approuver l'octroi d'un crédit d'un montant de 106,7 millions de dollars au Kirghizistan suite à la victoire du Premier ministre Almazbek Atambaïev aux élections présidentielles. Ce crédit est attendu d'ici la fin de l'année. L'argent doit être versé du Fonds anticrise de la Communauté économique eurasiatique. Le Premier ministre russe Vladimir Poutine a donné un ordre approprié au ministère russe des Finances.

Almazbek AtambaïevAlmazbek Atambaïev, nouveau Président du Kirghizistan.

Ce Fonds anticrise de la CEEA a été créé en juin 2009 afin d'accorder des prêts souverains et des crédits de stabilisation aux États membres de l'Eurasec, ainsi qu’à financer des projets d’investissement inter-étatiques. Il s'agit d'une réplique régionale du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD). Sont concernés par ce Fonds : l'Arménie Arménie, la Biélorussie, le Kazakhstan, le Kirghizistan, l'Ouzbékistan, la Russie et le Tadjikistan.

Qui est Almazbek Atambaïev ?

Almazbek Atambaïev est arrivé en tête de l'élection présidentielle kirghize avec 63,24% des voix après le dépouillement de 99,96% des bulletins. Il s'agit de la première présidentielle après le coup d’État et le renversement du président Kourmanbek Bakiev en avril 2010.

Almazbek Atambaïev a fondé le Parti social-démocrate en 1995, après avoir fait fortune dans les privatisations de l'industrie soviétique dans les années 1990. Sur la scène internationale, il est ainsi apprécié de Moscou et des Occidentaux, en particulier les États-Unis qui disposent d'une base militaire au Kirghizstan, essentielle au déploiement des troupes sur le terrain afghan. D'après la philologue Maïram Kassymova, "il est trop coléreux et peut insulter publiquement ses adversaires. Un président doit être plus équilibré. Mais c'est un homme bien et étant lui-même écrivain, il aide le Fonds littéraire". Un politique écrivain ? Comme Dominique Mamadou Galouzeau de Villepin ?

Lire également :

- La BERD, Jacques Attali et la microfinance au Kirghizistan
- Vive l'économie mafieuse du Kirghizistan