Julian Assange, le patron de WikiLeaks, a réceptionné le 17 janvier à Londres deux disques durs contenant les noms de 2000 personnalités ayant des comptes dans des paradis fiscaux. Une quarantaine d'hommes politiques y figureraient. Ces données confidentielles ont été confiées à WikiLeaks par Rudolf Elmer, un ancien banquier suisse qui a été pendant huit ans le responsable de la banque helvétique Julius Baer aux Îles Caïmans, l'un des paradis fiscaux des Caraïbes.
Premiers noms dans deux semainesLa liste exacte des 2000 personnes et multinationales n'a pas encore été révélée, mais contient d'après Rudolf Elmer une quarantaine d'hommes politiques ainsi que des grosses fortunes venant des «États-Unis, du Royaume-Uni, d'Allemagne, de Suisse et d'ailleurs». Ces informations, qui lui ont été fournies par des contacts qui désirent rester anonymes, proviennent «d'au moins trois institutions financières et couvrent une période allant de 1990 à 2009».
Rudolf Elmer : le paradis n'est pas fiscal...
Qui est donc Rudolf Elmer ?Sur son blog
Mediatitudes, le journaliste free-lance David Leloup nous donne quelques informations :
Elmer, 55 ans, ex-directeur de la filiale de la banque suisse Julius Baer aux îles Caïmans, est au centre d’un documentaire sur lequel je travaille depuis plusieurs mois. Il sera jugé mercredi [19 janvier] à Zurich pour violation du secret bancaire suisse, faux et usage de faux, et menaces envers deux cadres de la banque.
C’est la première fois qu’une source de WikiLeaks passera devant un juge pour avoir «fuité» des informations bancaires confidentielles, d’abord à la presse suisse en 2005 – sans grand succès –, ensuite sur WikiLeaks en 2008 – ce qui a valu au jeune site son tout premier procès aux Etats-Unis et le blocage de son nom de domaine une semaine durant.
Suite aux premières fuites d’Elmer, plusieurs enquêtes fiscales ont été ouvertes, notamment aux Etats-Unis, en Allemagne, en Belgique et au Royaume-Uni. A Bruxelles, le fisc s’est intéressé de très près au financier belge Philippe Stoclet (l’un des héritiers du Palais Stoclet, patrimoine mondial de l’UNESCO) qui avait dissimulé dix millions de dollars dans un trust administré par la Julius Baer à Grand Cayman.
Motivé au départ par un esprit de revanche dû à un licenciement fin 2002 qu’il juge abusif, Elmer est par la suite devenu un authentique «lanceur d’alertes» (whistleblower) en dénonçant des faits de fraude fiscale réalisés ou facilités par ses employeurs ultérieurs: le Noble Group, un gestionnaire de fonds basé à Hong Kong, et la banque sud-africaine Standard Bank pour laquelle Elmer a travaillé notamment à l’île Maurice, l'île de Man, Jersey et Guernesey.
Bande-annonce du documentaire réalisé par David Leloup et Jean-Philippe Rouxel, "A Leak in Paradise" :
Site du film :
aleakinparadise.com