jeudi 20 janvier 2011

Michel Cicurel (LCF Rothschild) est plus optimiste qu'il y a un an

Michel Cicurel, Président du directoire de La Compagnie Financière Edmond de Rothschild depuis 1999, a donné le 10 janvier un entretien aux Échos. Il se révèle plutôt optimiste pour l'avenir économique international même s'il concède que "l'économie mondiale marche sur une ligne de crête". Il explique également que "la guerre des monnaies est une expression dénuée de réalité. Nous n'avons pas vraiment intérêt à ce que la Chine réévalue modérément le yuan". Plus prudent vers la fin la fin de l'entretien, il lâche tout de même cette évidence que certains font semblant d'ignorer : "un jour viendra où certains pays européens ne pourront rembourser la totalité de leur dette".

Michel Cicurel, ancien énarque et Président du directoire de la Compagnie Financière Edmond de Rothschild.

Extraits :
Le monde se remet lentement du choc de la plus grave crise financière depuis les années 1930. Comment voyez-vous l'année qui vient ?

Je suis bien plus optimiste qu'il y a un an. A l'époque, souvenez-vous, l'économie mondiale était en réanimation. Nous avions vidé les armoires à pharmacie, les banques centrales avaient ramené leurs taux à zéro, accumulé des quantités d'actifs de piètre qualité dans leurs bilans et les États déjà surendettés, grillant leurs dernières cartouches, étaient eux-mêmes en danger. Et malgré tout cela, la croissance restait trop molle. C'était inquiétant.

Il était facile d'imaginer un scénario du pire. Que, sous la pression des opinions publiques, le protectionnisme l'emporte. Un Congrès américain plus populiste face à une certaine Chine qui aurait pu choisir la riposte massive, en réduisant ses achats de dette publique américaine, amorçant une spirale de « guerre économique ».

Enfin, il y avait un doute très sérieux quant à l'attitude de l'Allemagne où, là encore, sous la pression de l'opinion intérieure, on pouvait craindre qu'Angela Merkel n'abandonne les autres pays de la zone euro à leur sort, déclenchant une crise grave du système monétaire international.
Bref, au regard de toutes ces catastrophes qui ne se sont pas produites, 2010 est une année de grand soulagement. La rationalité l'a emporté sur l'émotion

La zone euro a subi l'assaut des marchés l'an dernier. La monnaie européenne est-elle menacée dans son existence même ?

Mais non, en aucune façon ! La leçon de l'année écoulée est qu'on ne laissera aucun pays sortir de la zone euro et que l'existence de l'euro est irréversible. Depuis dix ans, les Anglo-Saxons saisissent tous les prétextes pour poser la question de la pérennité de la monnaie européenne qui rivalise avec le dollar et a marginalisé la livre. C'est absurde ! La Californie et d'autres États américains sont en faillite et cela ne menace pas l'existence du dollar, que je sache !

Bien sûr, nous allons encore traverser des périodes de grandes tensions au sein de la zone euro. Il y aura de nouvelles crises de la dette souveraine en 2011. Nous allons sans cesse flirter avec la limite, mais nous avons douloureusement appris en 2010 à pratiquer le massage cardiaque de l'euro.

L'envolée de la dette des États ne condamne-t-elle pas le monde développé à plusieurs années de rigueur ?

Il faudra bien sûr que le consommateur occidental, bien trop cigale depuis tant d'années, se fasse un peu plus fourmi à l'avenir. Mais comment ne pas voir en même temps que l'économie mondiale dispose de moteurs exceptionnels ? L'entrée du monde émergent et de sa classe moyenne dans la modernité, l'augmentation de la population mondiale de 3 milliards d'habitants en un demi-siècle signalent l'entrée dans un cycle de Kondratieff de croissance forte sur longue période. Cela signifie aussi que le sujet de la rareté va se poser de manière extrêmement aiguë. Rareté des énergies fossiles, de certains métaux décisifs ou des émissions de carbone supportables. Je n'ai jamais rencontré autant d'opportunités d'investissements spectaculaires, que l'on songe aux technologies de la communication ou à celles qu'impose le souci écologique.

Entretien complet de Michel Cicurel pour Les Échos ici.

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