L'Institut économique Molinari a publié une analyse du nouveau livre de Philipp Bagus, professeur associé à l’Université Rey Juan Carlos à Madrid, La tragédie de l'euro (à lire gratuitement en anglais sur Scribd). La conclusion est pour le moins radicale : la question de fond n’est pas de savoir s’il est encore possible de sauver l’Euro, mais quel Euro veut-on sauver. Le choix est plus que jamais entre réformes de fond ou inflation. Extraits.
L'euro et le phénomène de la pâture commune
Comme Bagus l’explique dans son livre publié fin 2010, l’histoire de l’Euro pourrait être courte tant cette monnaie fait l’objet d’un phénomène dévastateur pour sa conservation, celui de la pâture commune. Ce phénomène économique décrit dès 1968 par Garrett Hardin explique comment une ressource perd de sa valeur voire disparaît ou du fait de sa surexploitation, lorsque des droits de propriété sont mal ou pas définis. Par exemple, le libre accès à une prairie commune conduit à sa sur-utilisation par des éleveurs ayant intérêt à y faire paître le plus grand nombre d’animaux. Faute d’assumer individuellement les conséquences de leurs actes, c’est-à-dire d’avoir à supporter le coût d’entretien et de réfection d’une prairie qui ne leur appartient pas, ils n’auront pas tendance à se comporter en investisseurs à long terme. C’est ainsi que rapidement la prairie, surexploitée, devient inexploitable pour la pâture.
Pour Bagus, l’euro subit malheureusement le même phénomène. Il est géré de manière à inciter les différents états membres de l’UE à adopter des comportements de cavalier seul diminuant in fine les qualités de la monnaie européenne. C’est ainsi qu’il se révèle que progressivement une réserve de valeur de piètre qualité. Il y a lieu de craindre que l’euro – qui a déjà perdu 1/5ème de sa valeur depuis sa création – ne soit plus à terme un intermédiaire d’échange efficace si ce phénomène de perte de valeur s’accélère. Or le Système monétaire européen (SME), avec son unique banque centrale (la BCE), permet justement aux divers états membres de l’Union de gonfler leurs dettes et déficits à coup de création monétaire, détériorant le pouvoir d’achat de l’euro.
L'euro : une aubaine pour les pays structurellement déficitaires
La mise en place de l’euro fut une aubaine pour les états structurellement déficitaires comme la Grèce, l’Espagne ou le Portugal, qui eurent accès à des taux d’intérêt beaucoup plus faibles qu’auparavant. Bénéficiant de la bonne réputation que la rigueur allemande donnait à l’Euro, ces pays ont pu s’endetter à des niveaux jusque là jamais atteints. C’est ce qui explique par exemple le gonflement de bulles immobilières. C’est aussi ce qui explique l’explosion de l’endettement public et les risques inflationnistes. En effet, lorsqu’un gouvernement fait du déficit, il émet en effet des bons du trésor. Une part importante de ces bons, pouvant servir de garantie pour l’octroi de prêts à la BCE, est achetée par les banques.
Lire également :
- Philipp Bagus : Y aura-t-il un QE3, QE4, QE5... ?
- Emmanuel Todd et le protectionnisme européen intelligent
Comme Bagus l’explique dans son livre publié fin 2010, l’histoire de l’Euro pourrait être courte tant cette monnaie fait l’objet d’un phénomène dévastateur pour sa conservation, celui de la pâture commune. Ce phénomène économique décrit dès 1968 par Garrett Hardin explique comment une ressource perd de sa valeur voire disparaît ou du fait de sa surexploitation, lorsque des droits de propriété sont mal ou pas définis. Par exemple, le libre accès à une prairie commune conduit à sa sur-utilisation par des éleveurs ayant intérêt à y faire paître le plus grand nombre d’animaux. Faute d’assumer individuellement les conséquences de leurs actes, c’est-à-dire d’avoir à supporter le coût d’entretien et de réfection d’une prairie qui ne leur appartient pas, ils n’auront pas tendance à se comporter en investisseurs à long terme. C’est ainsi que rapidement la prairie, surexploitée, devient inexploitable pour la pâture.
Garrett Hardin, auteur de l'article "La Tragédie des biens communs".
Pour Bagus, l’euro subit malheureusement le même phénomène. Il est géré de manière à inciter les différents états membres de l’UE à adopter des comportements de cavalier seul diminuant in fine les qualités de la monnaie européenne. C’est ainsi qu’il se révèle que progressivement une réserve de valeur de piètre qualité. Il y a lieu de craindre que l’euro – qui a déjà perdu 1/5ème de sa valeur depuis sa création – ne soit plus à terme un intermédiaire d’échange efficace si ce phénomène de perte de valeur s’accélère. Or le Système monétaire européen (SME), avec son unique banque centrale (la BCE), permet justement aux divers états membres de l’Union de gonfler leurs dettes et déficits à coup de création monétaire, détériorant le pouvoir d’achat de l’euro.
L'euro : une aubaine pour les pays structurellement déficitaires
La mise en place de l’euro fut une aubaine pour les états structurellement déficitaires comme la Grèce, l’Espagne ou le Portugal, qui eurent accès à des taux d’intérêt beaucoup plus faibles qu’auparavant. Bénéficiant de la bonne réputation que la rigueur allemande donnait à l’Euro, ces pays ont pu s’endetter à des niveaux jusque là jamais atteints. C’est ce qui explique par exemple le gonflement de bulles immobilières. C’est aussi ce qui explique l’explosion de l’endettement public et les risques inflationnistes. En effet, lorsqu’un gouvernement fait du déficit, il émet en effet des bons du trésor. Une part importante de ces bons, pouvant servir de garantie pour l’octroi de prêts à la BCE, est achetée par les banques.
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