Dans un entretien donné à La Montagne, François Soulage, économiste et président du Secours catholique, dénonce une société "inégalitaire" et estime que personne ne devrait être obligé d'acheter "son droit à l'assistance". François Soulage s'explique sur le microcrédit, l'économie sociale et solidaire, et les causes de la pauvreté en France.
Quelles sont les raisons de votre venue en Haute-Loire ?
J'ai signé une convention de partenariat sur le microcrédit. Cet établissement bancaire fera crédit sur un dossier présenté et partiellement garanti par le Secours catholique. J'ai participé aussi à une conférence le 24 novembre sur le thème de l'économie sociale et solidaire.
Qu'est-ce que l'économie sociale et solidaire ?
L'économie sociale, c'est un ensemble d'entreprises dont le capital appartient aux usagers, et non pas aux actionnaires. Leur objectif n'est donc pas de faire de la rentabilité. Quant à l'économie solidaire, ce sont des entreprises dont la finalité est de répondre à des besoins sociaux auxquels le marché traditionnel ne répond pas ou répond mal. Par exemple, des entreprises d'insertion, d'agriculture de proximité, de services à la personne, etc.
Que pensez-vous de la décision de Bruxelles de prolonger son programme d'aide alimentaire jusqu'en 2014 ?
Je ne voudrais pas qu'on se réjouisse trop de cette prolongation. Cela voudrait dire qu'on se félicite qu'il y ait beaucoup d'aide alimentaire, or il ne devrait plus y en avoir. En 2014, je souhaite qu'il y ait un débat de fond pour aller plus loin.
Comment peut-on aller plus loin ?
J'essaie d'être réaliste. De voir comment, avec les moyens actuels, on peut couvrir des besoins qui permettent aux plus démunis de commencer à construire quelque chose. Par exemple, il faudrait mettre en place plus d'hébergements de stabilisation pour que l'accompagnement soit plus important.
Quelles sont, selon vous, les causes de la pauvreté ?
Aujourd'hui, la société est de moins en moins solidaire et les inégalités s'accroissent. Dans notre rapport, on se rend compte que les gens en grande pauvreté s'enfoncent dans cette grande pauvreté, que l'écart se creuse. Et comme nous sommes dans une société qui ne fabrique plus d'emploi mais des opportunités, le capital social joue un rôle essentiel. Or les pauvres n'ont plus de capital social.
Cela explique la paupérisation des jeunes ?
40 % des jeunes qui viennent nous voir sont au chômage et 30 % sans ressources. Le drame c'est que quand ils sont dans une famille en difficulté, leurs propres difficultés s'accroissent. C'est un cercle vicieux. C'est ce qu'on appelle la reproduction sociale. En période de crise, lorsque la bataille pour l'emploi est plus dure, la reproduction sociale joue de plus en plus car il ne suffit plus d'avoir un bon diplôme. Il faut être dans le bon quartier, avoir une famille qui peut vous soutenir
Source : La Montagne
J'ai signé une convention de partenariat sur le microcrédit. Cet établissement bancaire fera crédit sur un dossier présenté et partiellement garanti par le Secours catholique. J'ai participé aussi à une conférence le 24 novembre sur le thème de l'économie sociale et solidaire.
Qu'est-ce que l'économie sociale et solidaire ?
L'économie sociale, c'est un ensemble d'entreprises dont le capital appartient aux usagers, et non pas aux actionnaires. Leur objectif n'est donc pas de faire de la rentabilité. Quant à l'économie solidaire, ce sont des entreprises dont la finalité est de répondre à des besoins sociaux auxquels le marché traditionnel ne répond pas ou répond mal. Par exemple, des entreprises d'insertion, d'agriculture de proximité, de services à la personne, etc.
Que pensez-vous de la décision de Bruxelles de prolonger son programme d'aide alimentaire jusqu'en 2014 ?
Je ne voudrais pas qu'on se réjouisse trop de cette prolongation. Cela voudrait dire qu'on se félicite qu'il y ait beaucoup d'aide alimentaire, or il ne devrait plus y en avoir. En 2014, je souhaite qu'il y ait un débat de fond pour aller plus loin.
Comment peut-on aller plus loin ?
J'essaie d'être réaliste. De voir comment, avec les moyens actuels, on peut couvrir des besoins qui permettent aux plus démunis de commencer à construire quelque chose. Par exemple, il faudrait mettre en place plus d'hébergements de stabilisation pour que l'accompagnement soit plus important.
Quelles sont, selon vous, les causes de la pauvreté ?
Aujourd'hui, la société est de moins en moins solidaire et les inégalités s'accroissent. Dans notre rapport, on se rend compte que les gens en grande pauvreté s'enfoncent dans cette grande pauvreté, que l'écart se creuse. Et comme nous sommes dans une société qui ne fabrique plus d'emploi mais des opportunités, le capital social joue un rôle essentiel. Or les pauvres n'ont plus de capital social.
Cela explique la paupérisation des jeunes ?
40 % des jeunes qui viennent nous voir sont au chômage et 30 % sans ressources. Le drame c'est que quand ils sont dans une famille en difficulté, leurs propres difficultés s'accroissent. C'est un cercle vicieux. C'est ce qu'on appelle la reproduction sociale. En période de crise, lorsque la bataille pour l'emploi est plus dure, la reproduction sociale joue de plus en plus car il ne suffit plus d'avoir un bon diplôme. Il faut être dans le bon quartier, avoir une famille qui peut vous soutenir
Source : La Montagne